Une camionnette jaune équipée de matériel multimédia sillonne les écoles, à l’appel des instituteurs, pour installer, le temps d’une journée, des ordinateurs portables en classe. L’informatique à l’école n’est plus virtuelle.
Ils ont passé quatre jours à la montagne. Ils ont skié, caressé des chèvres et chanté le soir à la veillée. Leur maîtresse les a pris en photo, riant, tombant, dessinant. Les gamins du CM2 de l’école des Longues Terres à Vauréal, ont réalisé un journal de leur grande aventure. Textes et photos, le tout mis en page sur des i-books jaunes et bleus. Ces portables derniers cris ont atterri sur leur bureau grâce au bus multimédia, mis en place par le CDDP 95 (Centre départemental de documentation pédagogique du Val d’Oise) et qui roule depuis une semaine dans le département. "
Le but, c’est de permettre à des écoles peu, voire pas du tout équipés d’utiliser ces machines et de monter des projets multimédia", explique Alain Germon, le chef du projet. L’autre objectif avoué, c’est de rendre obsolète l’idée même de navette multimédia. "
Par notre action, nous voulons convaincre les municipalités d’investir dans l’équipement informatique. Leur montrer, donc, qu’il y a une demande, et que ce n’est pas obligatoirement compliqué."
Camionnette jaune
Comment ça marche ? L’instit intéressé doit d’abord avoir finalisé son projet. Journal école, création de Cd-Rom ou site internet. Il contacte, ensuite, l’équipe et décide avec eux d’une date de passage du bus. Le jour dit, la camionnette jaune débarque ses douze portables et l’i-mac. Le tout est installé en réseau dans la classe. Il y a Alain Germon, instituteur pendant 20 ans et affecté au CDDP, qui dit, courbé sur les bureaux rouges des enfants : "Pas facile pour le dos ce boulot quand même." Nathalie Devieu, emploi-jeune, qui sourit : "j’adore ça." Et Patrice Fernet, monsieur ordinateur, qui surveille les machines du coin de l’œil et avoue "intervenir sur des classes de primaire... Je ne pourrais pas le faire tous les jours."
« J’aime les touches »
À terme, Nathalie sera toute seule au volant de sa Kangoo jaune. Et ça ne lui fait pas peur. "Ce sera peut-être juste un peu plus formalisé." Cette après-midi là, deux par deux, suivant plus ou moins scrupuleusement les maquettes dessinées à la craie, les gamins montent les pages de leur journal. Les "Madame, ça marche pas", ou sa variante "Madame, j’comprends pas", se répètent à l’infini. En fin de journée, ils se débrouillent plutôt pas mal, tirent sans vergogne sur les photos pour les allonger, grossissent les titres. Tout heureux de réaliser de leurs mains le journal de leur classe de neige. Se chamaillent un peu. "Si elle était pas si égoïste...", soupire un garçon qui se sent lésé de la souris par sa partenaire d’ordinateur. Juste devant eux, un autre duo essaye de faire rentrer un texte dans l’espace restant. "Viens, on s’incruste dans les signatures", suggère le garçon. Enthousiasme de sa voisine : "Ouais et on signe juste : les pros." Ont-ils déjà touché un ordi ? C’est assez variable. Les jeux de console, tous connaissent. Internet, seulement certains. Mais peu ont une machine à la maison. L’un d’eux dit : "Moi, j’aime beaucoup l’ordinateur. Pour écrire." Il réfléchit et ajoute, confident : "Ce que j’aime, en fait, dans l’ordinateur, c’est les touches."