La navette americaine Endeavour emmene vers la Station Spatiale Internationale (ISS) un bras robotise, un nouveau module, et 7 membres d’equipages, dont le Europeen
" Sans lui, nous serions incapables de terminer la Station. ." Tommy Holloway, le responsable du programme americain de la Station Spatiale Internationale (ISS), n’a pas manque de souligner l’importance du bras-robot que la navette Endeavour a emmene dans ses soutes en decollant jeudi 19 avril a 20 h 41 (heure francaise) de Floride. Long de 17,6 metres, Canadarm 2, c’est son nom, est le grand frere du bras qui equipe depuis plusieurs annees deja les navettes americaines. Il servira a decharger les navettes spatiales, a assembler les prochains modules, et permettra aussi aux occupants de l’ISS d’effectuer des manipulations exterieures a la Station sans sortir de celle-ci. Equipe de cameras et de capteurs, ce bras-robot possede 7 articulations et peut manipuler jusqu’a 100 tonnes de charge. Mais le gros atout de Canadarm 2 est sa mobilite : grace a un systeme de six attaches, il pourra se deplacer seul le long de l’ISS en s’accrochant a un point avant d’en lacher un autre.
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Troc spatial
Le Canada, qui a construit ce bras, aura le droit en echange a 2,3 % de l’espace laboratoire dans la partie non-russe de la station, pourra acceder a la plate-forme exterieure pour des experiences dans le vide sideral, et aura le droit d’envoyer un homme a bord de la Station tous les trois ans pour une duree de trois a quatre mois.
C’est ce meme systeme de troc qui a ete utilise par les Americains pour sous-traiter la construction du module logistique Raffaello egalement embarque par Endeavour. Fabrique par les Italiens, ce MPLM (Multipurpose Logistic Module) appartient en fait a la Nasa qui concede, en echange, du temps de recherche a bord de l’ISS a l’Italie. Raffaello est le second module d’une serie de trois (avec Leonardo et Donatello) et, comme les deux autres, il a la forme d’un gros cylindre de 6,4 metres de long pour 4,6 metres de diametre. Ces modules permettent de transporter 9,1 tonnes d’equipements et d’experiences de la Terre a la Station. A chaque fin de mission, ils sont ramenes sur Terre avec les resultats des experimentations et les materiels usages.
Une station vraiment internationale
NASA |
L’equipage d’Endeavour est internationale, puisque en plus des quatre astronautes americains, un Russe, un Canadien, et un Italien (qui sera le premier ressortissant de l’Union Europeenne a se rendre sur ISS) ont pris place a bord de la navette. Ils rencontreront les trois membres (deux Americains et un Russe) de l’equipage de l’ISS, mais aucun d’eux ne restera a bord de la Station apres les 11 jours que doit durer la mission. Deux sorties dans l’espace sont au programme de cette 9e mission de construction de l’ISS. Elles permettront d’installer le bras-robot et une antenne exterieure qui servira pour les communications entre la navette, la station, et les astronautes en sortie. La mission se deroule dans un climat un peu tendu, les Russes ayant menace mardi dernier de detruire l’ISS en detachant son module Zvezda, element vital de la Station. Une reaction a la politique de Defense du President Bush, mais egalement au refus de la Nasa d’embarquer le milliardaire Dennis Tito, pourtant soutenu par l’agence spatiale russe : "
si les Etats-Unis relancent une guerre froide dans l’espace, la Russie pourrait detacher Zvezda de l’ISS et l’utiliser dans la construction d’une nouvelle station spatiale. Techniquement, c’est tout a fait possible " a explique, sous couvert d’anonymat, un responsable de l’aerospatiale russe.