Ils lisent avec le bout de leurs doigts et reconnaissent leur entourage au timbre de la voix. La France compte près de 80 000 aveugles. Ils étudient, travaillent, prennent le métro et se baladent sur le net. Mais surfer n’est pas, pour eux, une activité de tout repos. Photos non décrites, frames illisibles, le parcours du Web sans yeux est semé d’embûches.

Bobby, un logiciel qui traque l’illisible

Pour leur faciliter l’accès au Réseau, l’association BrailleNetteste depuis plus d’un an l’accessibilité des sites et délivre appréciations et conseils. Une mauvaise note - une étoile - signifie que les recommandations de base ne sont pas respectées, à savoir description des images et des cadres. Des éléments indispensables lorsqu’on utilise un écran tactile à terminal braille qui n’accepte que 40 caractères simultanément. "Á la différence des voyants, nous ne voyons pas tout l’écran, nous avons une vue séquentielle. Pour qu’un aveugle puisse comprendre l’organisation de la page, il faut des titres explicites pour chaque cadre. Et si l’information principale n’est pas en tête d’écran, ça complique pas mal notre lecture", explique Sylvie Duchateau, chargée de mission chez BrailleNet. Cette jeune aveugle garde des souvenirs catastrophiques de ses premiers surfs. Sites inaccessibles et connexion lente. "J’ai appris sur le tas en travaillant pour l’association. Je passe toute la journée sur Internet à tester des pages Web. Je commence quand même à m’y retrouver."

La première étape dans l’évaluation d’un site ? L’analyse par Bobby, un logiciel qui traque les éléments illisibles du site. Ensuite, le travail devient manuel. "Par exemple, si une photo est décrite mais que la description est mal faite ou trop technique, Bobby ne peut pas le voir, c’est nous qui le vérifions."

Pour l’instant, peu de sites ont été passés au crible de BrailleNet et il n’y a aucune statistique sur les internautes aveugles. Seul le prix de l’écran tactile à terminal braille est connu. Il coûte 50 000 francs...