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Certains le présentaient comme
Le Canard Enchaîné du multimédia. D’autres comme le seul journal informatique digne de ce nom. Reste que
Le Virus Informatique, véritable poil à gratter du business high-tech, vient de sortir son seizième numéro, tout en annonçant dans son édito que ce serait le dernier. La Commission paritaire vient en effet de lui retirer son numéro d’agrément au vu de l’article 78 de l’annexe III du Code général des impôts. Traduction, en termes d’économie de la presse : les divers avantages fiscaux et postaux qui lui étaient jusque-là alloués, comme à presque toute la presse, lui sont retirés parce que cinq mois s’étaient exceptionnellement écoulés entre la parution des n°13 et 14 du
Virus. Les règles sont ainsi faites que deux parutions ne peuvent être espacées de plus de quatre mois.
Articles au vitriol
Mais derrière cette décision administrative, c’est presque un symbole qui disparaît. Le Virus, contrairement à l’ensemble de la presse informatique, ne regorgeait pas de pages de publicité, c’est le moins que l’on puisse dire : il les refusait (sauf l’humanitaire). Ses articles, souvent écrits au vitriol, écornaient non seulement une grande partie de ses confrères (pour leur complaisance envers les produits, c’est-à-dire leurs annonceurs), mais aussi pas mal de sociétés leaders du marché : produits faussement sécurisés, jeux buggés, magouilles sur Internet et autres attrape-nigauds du multimédia. Le Virus ne pratiquait pas la langue de bois et c’est justement pour ça qu’on l’appréciait. Olivier Aichelbaum, son fondateur, était pigiste dans la presse informatique et c’est en constatant les connivences qu’entretenaient beaucoup de médias avec les fabricants qu’il décida de créer son propre journal. Indépendant. Il a aussi édité entre-temps Les Puces Informatiques (petites annonces), Pirates Mag’ (sur l’underground informatique, les hackers et leurs détracteurs) et enfin Pocket Mag’ (jeux vidéo).
Journalisme d’irrévérence
Ironie de l’histoire, alors que nombre de ses confrères, connus pour leur déontologie fluctuante (au gré des annonceurs), sinon pour leur totale inféodation à telle ou telle société leader du marché, bénéficient bel et bien du régime de la presse. Le Virus, qui se faisait un devoir de pratiquer un journalisme d’irrévérence, férocement indépendant et que l’on pouvait difficilement prendre en défaut, voit aujourd’hui ses journalistes risquer de perdre leurs cartes de presse, sans parler des huit pigistes récemment engagés... "Nous avons essayé de faire un mag’ indépendant, sans pub, sans moyens. C’était dur, mais nous voulions néanmoins soigner au maximum les articles. Cela nous a été fatal." Espérons que Le Virus renaîtra quand même prochainement.
Le site du Virus informatique
http://www.acbm.com