Le laboratoire privé de Bruxelles, où travaillaient, entre autres spécialistes du cerveau artificiel, du voyage dans le temps ou des textiles " intelligents ", doit fermer ses portes.
Le Starlab, ce labo privé de recherche à long terme "où 100 ans ne signifient rien", n’aura pas tenu plus de 4 ans : il a été déclaré en faillite mardi 12 juin. Créé en 1997 par Walter de Brouwer, un mathématicien de 43 ans devenu businessman, le Starlab avait véritablement pris son envol en décembre 2000 en s’installant dans une ancienne ambassade tchèque de la banlieue de Bruxelles. Journalistes et sponsors étaient alors conviés dans ce château de 6 000 mètres carrés pour une présentation des thèmes de recherche, souvent extravagants : voyage dans le temps, cerveau artificiel, robots conscients, textile " intelligent " ... Les donateurs (parmi lesquels Adidas, Levi Strauss, AT&T, Philips et France Télécom) pouvaient accéder aux résultats pour un ticket d’entrée entre 120 000 et 500 000 dollars par an. Mais le cocktail industriels + chercheurs " d’exception " + paillettes n’a finalement pas plu à tout le monde. Un investisseur qui avait promis un prêt de 8 millions d’euros (52,5 millions de francs) s’est désisté au dernier moment, provoquant la perte de ce labo privé d’un nouveau type. Le Starlab et son programme de recherches intitulé BANG (pour bits, atomes, neurones et gènes) a explosé en vol.
Vive le Starlab bis ?
Hugo de Garis, l’homme qui tente inlassablement de fabriquer un cerveau d’un milliard de neurones électroniques, lance un message de détresse sur sa page personnelle : "70 chercheurs du Starlab recherchent un nouveau job, comme moi. Si vous êtes intéressé par mes travaux de construction de cerveau et que vous êtes en mesure de me proposer un poste de chercheur senior ou de professeur dans votre université, merci de me contacter". Le standard du Starlab ne répond plus et les dirigeants sont injoignables, même par e-mail. Hugo de Garis nous précise que les locaux sont actuellement occupés par les liquidateurs. Le Starlab bruxellois devrait logiquement fermer. Mais, d’après le chercheur, le Starlab " bis ", installé dans l’observatoire astronomique de Fabra à Barcelone et prévu pour être opérationnel à l’été ou à l’automne 2001, pourrait lui survivre. Hugo de Garis se dit "choqué, déprimé, abattu". "J’ai perdu 100 000 dollars que j’ai investis dans le Starlab, déclare-t-il. Cela pourrait aussi signifier la fin de mon rêve de construire des cerveaux artificiels." Cet objectif est effectivement plus difficile à vendre aux directeurs de recherche " traditionnels " qui ont davantage les pieds sur terre que la tête dans les étoiles.