Le gouvernement britannique a jusqu’à la fin 2004 pour décider si, oui ou non, il convient de ficher l’ADN des nouveaux-nés. Il s’agit de l’une des mesures proposées par le docteur John Reid, nouveau ministre de la Santé du gouvernement de Tony Blair, dans un livre blanc rendu public le 24 juin dernier. Ce plan triennal sur le système de santé britannique prévoit également le déblocage de 50 millions de livres (72 millions d’euros) pour soutenir la recherche génétique.
A sa naissance, chaque futur citoyen britannique pourrait disposer de ce qui pourrait s’apparenter à une forme de casier génétique. Les données qu’il contiendrait "pourraient être utilisées dans le cadre de traitements préventifs ou curatifs, qui seront de mieux en mieux adaptés à l’organisme à mesure que la connaissance scientifique progressera", écrit le docteur Reid.
L’ensemble du patrimoine génétique de la personne sera-t-il conservé, ou seulement une partie ? La question demeure en suspens, et sera débattue par la commission du génome humain.
Le livre blanc prévoit par ailleurs d’introduire une loi condamnant des prélèvements d’ADN sans consentement. Deux exceptions sont prévues : les traitements médicaux, lorsque l’accord du patient est matériellement impossible, ainsi que les enquêtes de police.
Une "révolution" contestée
Le 24 juin, John Reid (dont la fille est atteinte d’une grave maladie génétique) a conclu son discours devant le Parlement en annonçant : "Nous sommes à l’aube d’une révolution dans le domaine de la santé."
GeneWatch, groupe d’intérêt public s’intéressant de près aux problèmes d’éthique génétique, met en garde contre l’apparition d’une "discrimination génétique rampante". Sa directrice adjointe, le docteur Helen Wallace, écrit dans un communiqué que "Le gouvernement met les intérêts industriels au-dessus de ceux de la population (...) Aucun garde-fou n’est proposé pour empêcher des employés ou des assureurs d’abuser des informations contenues dans les tests génétiques."
Pour l’heure, et jusqu’en 2006, le gouvernement britannique a mis en place un moratoire sur la réutilisation par les assureurs des données génétiques.
Dominique Giorgi, directeur de recherche à l’Institut de génétique humaine, une unité de recherche du CNRS, relativise : "Bien sûr qu’il faut faire très attention à dresser des barrières contre les dérives. Mais l’accès à de telles données est une chance pour la recherche. Ou éventuellement pour la police".
Selon The Register, le fichier ADN de la police britannique dépassera bientôt les deux millions de prélèvements génétiques, et pourrait à terme contenir, non seulement l’ADN des personnes inculpées, mais aussi celui des simples suspects.
Le livre Blanc "Our inheritance, our future - realising the potential of genetics in the NHS":
http://www.doh.gov.uk/genetics/whit...
Le communiqué de presse de GeneWatch:
http://www.genewatch.org/Press%20Re...
Techno cops needed to catch cyber criminals - Blunkett
http://www.theregister.co.uk/conten...
"Prudence anglaise sur les kits de dépistage génétique" (Transfert):
http://www.transfert.net/a8507
Le fichier policier ADN de sa gracieuse Majesté est avancé (Transfert.net)
http://www.transfert.net/a5040
Quand la police joue au docteur (Transfert.net)
http://www.transfert.net/a5503