Textz est la bibliothèque virtuelle dont on a tous rêvé : chacun peut venir y déposer ses textes littéraires, philosophiques ou politiques.
Textz n’est pas un clone de Napster. C’en est une prolongation : les internautes qui s’en mettaient plein les oreilles sur Naspter pourront, ici, s’en mettre plein les yeux. Car ce site, mis sur pied en en début d’année par the & copy & paste, un mystérieux groupuscule d’artistes, proche du collectif berlinois, A.S. Ambulanzen, ne s’intéresse qu’à la pensée écrite : littérature, poèmes, philosophie, manifestes... Les textes, blanc sur noir, se suivent et ne se ressemblent pas. Sauf peut-être par ce design brut de décoffrage, qui évoque les tracts situationnistes et les austérités de gauchistes teutons.
Les armes de la révolution
"L’avenir de la publication en ligne se situe à côté de votre ordinateur : un scanner et une imprimante de 50 $, connectés à Internet ", annonce le manifeste qui ouvre Textz. Ici, les armes de la "révolution" sont différentes de celle de Napster : pas de logiciel qui transforme une chanson de CD en MP3. On aime un texte, on le scanne et on le place sur le Réseau. Si l’on en voit un qui nous plaît, on l’imprime. Et ce n’est pas le choix qui manque : en allemand, anglais, français ou italien, de tous les pays et tous les siècles, on trouve du Tolstoï, du Aragon, des textes fondateurs de la pensée libertaire du Net, des poèmes de Baudelaire, de la science-fiction, du Pascal, un scénario de film, un roman entier de Zola, tout Shakespeare... Bref, nous voici enfin transportés dans la fameuse "Bibliothèque Exhaustive de la Pensée Universelle" dont Internet devait symboliser l’avènement, paraît-il. C’est comme du bonheur, et gratuit en plus.
Phrases-choc
Et ce bonheur n’est pas naïf. Contrairement à Napster, logiciel crée presque par hasard par un étudiant sans arrière-pensée politique, Textz a été pensé comme une arme de guerre contre le copyright, par des tenants de la mouvance open-source. "Un spectre hante le monde industriel, le spectre du partage de fichiers mondial et organisé". C’est sur ce clin d’œil au Manifeste de Marx que s’ouvre d’ailleurs le site, qui proclame la victoire sans appel du système d’échange de fichiers. "Napster a mis cul par-dessus tête l’idéologie de toute une industrie, mettant ainsi à jour son obsolescence totale et inconditionnelle", poursuit le manifeste d’A.S. Ambulanzen, qui dévide les phrases choc : "L’information ne veut pas être libre. Elle est libre". Mais on se doute que Textz va très vite poser des problèmes de copyright à ses auteurs. Car, n’en déplaise à ces réjouissants encyclopédistes du Net, les derniers vestiges de la pensée "obsolète" du droit d’auteur ont encore pas mal de vigueur ces temps-ci...