Les autorités marocaines auraient bloqué l’accès à deux sites créés par le principal mouvement islamiste du pays.
Aljamaa.org et yassine.net ne répondent plus. Les deux sites ont été créés en août dernier par l’association islamiste Justice et bienfaisance et sont hébergés sur des serveurs situés hors du Maroc. Selon les informations collectées par transfert.net auprès d’internautes, il est impossible de s’y connecter depuis des machines localisées au Maroc. En revanche, ces deux urls restent accessibles depuis l’étranger. Un internaute marocain précise qu’il a réussi à accéder à l’une des pages web en passant par un site qui permet de modifier son adresse IP (du type anonimyzer.com). Cette manipulation technique rendant impossible toute identification de la provenance de la requête d’un internaute, on peut ainsi contourner les filtres installés par les fournisseurs d’accès locaux. Selon un journaliste marocain, "l’hypothèse d’un blocage émanant du ministère de l’Intérieur n’est pas à exclure".
Solide ancrage
Bien que ce ne soit pas un parti politique, l’association (non reconnue, mais tolérée au Maroc) constitue le principal mouvement islamiste au Maroc. Créée en 1979 par Cheikh Abdesselam Yassine, elle contrôlerait près de 700 "associations sœurs". L’organisation bénéficie d’un solide ancrage dans la société par un investissement du secteur social et culturel. Notamment en développant, sur le terrain, des actions caritatives. Le blocage sur la Toile des vitrines du mouvement islamiste pourrait être le signe d’un durcissement du royaume chérifien vis-à-vis des thèses islamistes. Il y a dix jours, l’hebdomadaire islamiste Rissalat Al-Fotouwa, organe de la section estudiantine de l’association Justice et bienfaisance, avait été saisi sur ordre du ministère de l’Intérieur. Un hebdomadaire que l’on retrouve justement dans la série de liens proposés par yassine.net.
Relations conflictuelles
Le site publie une grande partie des écrits du leader islamiste marocain, libéré en mai 2000 après dix de résidence surveillée. Cheikh Yassine y expose notamment ses relations conflictuelles avec la monarchie chérifienne. L’autre site bloqué est celui de l’association elle-même, aljamaa.org. "Internet est très important pour notre mouvement. Surtout parce que plusieurs de nos publications ont été interdites au Maroc. Internet nous permet de les publier. Mais c’est aussi un des outils que nous utilisons pour se contacter entre militants et avoir une visibilité sur la scène internationale", explique Fatallah Arsalan, porte-parole de Justice et bienfaisance, interrogé par Transfert.net. Ce dernier dénonce notamment, dans un communiqué officiel, "une atteinte à la liberté et au droit d’expression". Aucun officiel du gouvernement marocain n’a pu être joint pour répondre à nos questions.
Le site consacré au leader islamiste Cheikh Yassine
http://www.yassine.net/
Le site officiel de l’association Justice et bienfaisance:
http://www.aljamaa.org/