Le 25 septembre dernier, Le Marabout, un mensuel satirique africain, a livré son premier numéro dans neuf pays francophones d’Afrique (1) et sur le Web. À l’origine du projet : Boubakar Diallo, écrivain et journaliste, et Damien Glez, dessinateur. Tous deux responsables du Journal du Jeudi, un hebdo satirique burkinabé crée en 1991 qui fait référence en Afrique, ils ont décidé d’en lancer une version mensuelle et en ligne. Damien Glez, directeur de la rédaction de ce nouveau magazine panafricain explique à Transfert le concept de Marabout.
Pourquoi ce nom, Le Marabout ?
Nous souhaitions jouer sur le double sens du mot. Le marabout est à la fois un animal typiquement africain (grand oiseau des marais d’Afrique, NDLR) mais aussi ce personnage auquel les Africains s’adressent afin de demander des conseils lorsqu’ils ont des problèmes. Dans une certaine mesure, c’est le rôle que ce nouveau mensuel compte jouer. L’expérience du Journal du Jeudi nous a également enseigné que les lecteurs raffolaient des mascottes qui symbolisent l’identité d’un journal. Naturellement, nous avons choisi le marabout comme mascotte.
Comment définir Le Marabout ?
C’est un mensuel panafricain, basé en Afrique, lancé à la fois sur le Web et dans les kiosques. Ce point est essentiel car la plupart des titres panafricains sont installés hors d’Afrique, notamment à Paris. La logistique du Marabout se trouve au Burkina et la version papier du mensuel est distribuée dans neufs pays africains. Dans lesquels nous avons constitué un réseau de correspondants.
Développer un site internet, en parallèle d’une version papier, n’est-ce pas une manière de vous prémunir d’éventuelles censures ?
C’est l’une des raisons. Mais il s’agit également de toucher, par le biais du Réseau, la diaspora africaine en Europe ou des lecteurs dans des pays francophones dans lesquels nous ne sommes pas implantés, comme le Tchad ou la République centrafricaine. L’autre donnée est effectivement d’assurer la continuité de l’information en cas de censure émanant d’un pouvoir politique. À l’image, par exemple, de l’expérience de journaux tunisiens indépendants. Sans jouer les oiseaux de mauvais augures, la censure est une hypothèse que l’on ne peut pas écarter... Notamment au Togo où Le Marabout est distribué.
De quels moyens disposez-vous pour diffuser Le Marabout sur le Réseau ?
Très peu de moyens. La mise en ligne du site repose totalement sur le bénévolat, notamment grâce au travail de deux membres de l’ADIS (Association pour le développement de l’Internet au Sud). Pour la version papier, nous disposons d’un petit budget alloué par une ONG hollandaise. Nous l’utilisons également pour régler les frais du site.