Christophe Pilot

Les amateurs, toujours plus nombreux, de DVD vidéos exigent parfois de leur vendeur un "dézonage" de leur lecteur DVD. En clair, les utilisateurs ne veulent pas réduire leur choix de titres à la zone géographique dont la France fait partie (Zone 2) : ils veulent pouvoir lire aussi des DVD importés du continent nord-américain (Zone 1). L’intérêt est double. Le catalogue de DVD Zone 1 est trois fois plus large qu’en Zone 2. Et, en l’absence de réglementation, les DVD américains sont en général disponibles très peu de temps après la sortie du film dans les salles US (quelques mois en général). Dans certains cas, le DVD Zone 1 est donc distribué avant la sortie du film en France. Jusqu’à présent, la législation française tolère l’import de ces DVD en avant-première à condition qu’ils ne comportent aucune piste française (son ou sous-titrage). Ce système a séduit un certain nombre de cinéphiles bilingues dingues de VO. Mais d’autres fans n’hésitent pas à s’approvisionner sur des sites Internet américains ou québécois qui ne respectent pas forcément ces règles. Pour les titres plus anciens, le DVD Zone 1 peut en revanche inclure une piste française, à partir du moment où le film est sorti depuis plus de 12 mois (ou 9 mois en cas de dérogation demandée par l’éditeur).

Une réglementation plus tranchée

En fait, l’importation de DVD, même en langue étrangère, avant la sortie de la version européenne a le don d’énerver les éditeurs vidéos. Ils viennent d’obtenir gain de cause puisque, dans un décret du 24 novembre (paru le 26 novembre au Journal officiel) applicable le 1er janvier 2001, Lionel Jospin et la ministre de la Culture et de la communication Catherine Tasca interdisent désormais l’importation "quelles que soient les versions linguistiques de l’œuvre fixée sur ces supports." L’importation de DVD Zone 1 en avant-première est donc désormais clairement interdite. Et le délai de mise en vente des DVD Zone 2 est ramené, sur dérogation, à 6 mois d’exploitation en salle afin de réduire l’écart entre les deux zones. Conséquence : sur son site, la Fnac brade les DVD Zone 1, en les proposant à partir de 79 francs (alors que les mêmes titres sont parfois vendus trois fois plus cher dans les magasins Fnac !). Il y a de la liquidation dans l’air... Chez les responsables du groupe, on indique que le décret change la donne et qu’on est bien obligé de faire avec, sans aucun autre commentaire. Reste à savoir s’il est raisonnable de continuer sur un marché du DVD Zone 1 amputé des nouveautés.

Contrôle difficile sur Internet

D’autres magasins devraient suivre cette voie. Ce qui ravit Jean-Yves Mirsky, délégué général du Syndicat de l’édition vidéo : "On attend cette décision depuis 12 ans. La France était vraiment en retard. Désormais, la réglementation est claire, et il sera d’autant plus facile d’intenter des actions judiciaires contre les importateurs." En France, l’Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle effectue des contrôles dans les magasins. Reste que les internautes peuvent toujours se fournir en ligne, au risque (minime) de voir leurs achats bloqués à la douane. Le "marché parallèle" du DVD Zone 1 n’est donc pas mort. Mais il se marginalise encore davantage.