Attaques de sites, contre-attaques : le conflit entre Israël et l’Autorité palestinienne ferait rage sur le Net. Mais à voir les techniques employées et les cibles visées, on est loin d’une vraie guerre électronique.
Guerre du Web, Cyber-guerre, guerre électronique... Depuis quelques jours, les agences de presse, reprenant sans grand esprit critique les déclarations officielles israéliennes, ont unanimement décrété que le conflit israélo-palestinien se poursuivait sur Internet. En début de semaine, le site Web du Hezbollah aurait ainsi été " attaqué " (Lire Le site du Hezbollah victime d’une attaque). Riposte le jeudi 26 octobre : le site du ministère israélien des Affaires étrangères et celui de la Knesset auraient été la cible de " milliers de visiteurs ", les rendant inaccessibles.
Techniques rudimentaires
Si ces attaques sont réelles et non le fruit d’une classique désinformation des deux parties, un premier constat s’impose : ces méthodes de cyber-guerre sont ridiculement rudimentaires... Les actions présentées par les autorités israéliennes concerneraient des individus qui se seraient, grosso modo, mis d’accord (comment ?) pour demander simultanément la page d’accueil des sites en question. En plus d’être archaïque, il y a peu de chances que cette méthode fonctionne, vu la stature des sites visés. La remarque vaut également pour le site du Hezbollah. Il existe pourtant des moyens dévastateurs et extrêmement simples pour " faire tomber " un site Web : les Distributed Denial of Service (DDoS). Ces techniques consistent à automatiser une saturation d’un site par l’envoi de millions de demandes simultanées.
Alors, cyber-guerre des boutons ? Consulté par Transfert, un hacker étouffe un rire jaune : " Les Israéliens sont très forts dans le domaine de la guerre électronique. Ils ont mis les moyens depuis longtemps pour développer des capacités d’attaque, de protection et de recherche des auteurs de piratage. Ce qui est décrit ici n’a rien à voir avec une cyber-guerre. " Mener une guerre électronique consisterait plutôt à s’introduire sur les réseaux gouvernementaux pour couper les communications militaires stratégiques ou à rechercher des informations sensibles. Un site Web est, par principe, un site d’information public. Son arrêt n’a aucune conséquence... Qu’il s’agisse de celui du Hezbollah ou de celui du ministère des Affaires étrangères israélien.
Á Hebron, un cyber-café pour s’informer
Sur place, à Hebron, Chantal Abu Eisheh, enseignante, n’a entendu parler ni de l’action contre le site du Hezbollah, ni de celle contre les sites israéliens. Il n’y a plus de radio Palestinienne à Hebron. En attendant, la désinformation bat son plein. " On est abreuvés de nouvelles qui ne sont jamais développées. Elles disparaissent aussi vite qu’elles apparaissent ", précise-t-elle par téléphone. HebronNet, son fournisseur d’accès, le seul de la ville, est en panne depuis dix jours. " Les Israéliens ont coupé la route à la sortie de la ville et le câble a été sectionné à cet endroit-là. " Les gens se ruent dans " Café Internet ", le seul cyber-café d’Hebron. Certains pour étudier, d’autres pour travailler, puisqu’ils n’ont plus accès à leur bureau. La plupart recherchent une information fiable auprès des journaux internationaux, uniquement disponibles en ligne. Avec une certaine naïveté, elle ne s’inquiète pas de la surveillance des échanges qui passent par ce cyber-café. " Il y a trop de trafic pour que cela soit surveillé ", dit-elle.
Le site du Hezbollah:
http://www.hizbollah.org
Le site du ministère israélien des Affaires étrangères:
http:// www.mfa.gov.il
Le site d’Indymedia en Israël:
http://indymedia.org.il/imc/israel/...