Les "conditions d’utilisation" de Passport, qui devrait servir de plate-forme à Hailstorm, la prochaine suite logicielle de Microsoft, rendait la firme propriétaire de tout ce qui transitait par ses serveurs. Du jamais vu.
Puisque la vie privée devient l’une des principales préoccupations des internautes, il est finalement logique qu’une société comme Microsoft s’en serve de plus en plus dans ses campagnes de communication. Quitte à ce que cela ne soit qu’un argument non suivi d’effet. Le quotidien The Register anglais révélait en effet il y a quelques jours que les conditions d’utilisation de Passport, la plate-forme permettant de s’identifier une fois pour toute en vue d’utiliser différents services "offerts" par la société, donnaient toute latitude à Microsoft pour s’approprier les données personnelles de ses utilisateurs. La charte a été traduite sur linuxfr.org, et s’avère consternante :
"En postant des messages, en téléchargeant des fichiers vers un serveur, en saisissant des données, en fournissant des retours d’informations ou des suggestions ou en vous engageant dans toute autre forme de communication avec ou par l’intermédiaire du Site Web Passport, vous déclarez et garantissez que vous avez le droit de le faire et vous autorisez par les présentes Microsoft et ses sociétés affiliées à : utiliser, modifier, copier, distribuer, transmettre, diffuser publiquement, représenter, reproduire, publier, concéder en sous-licence, transférer ou vendre cette communication ou à créer des œuvres dérivées de celle-ci. Concéder en sous-licence à des tiers le droit illimité d’exercer l’un quelconque des droits précités qui sont concédés. Publier votre nom dans le cadre de cette communication. Les droits précités incluent le droit d’exploiter, dans tout pays, tout droit de propriété sur cette communication, y compris notamment les droits relevant du droit d’auteur, du droit des marques ou du droit des brevets. Aucune somme ne vous sera payée au titre de l’utilisation par Microsoft des éléments contenus dans la communication. Microsoft n’est pas tenue de poster ou d’utiliser les éléments que vous fournissez et peut choisir de supprimer ces éléments à tout moment."
Une pratique vieille de deux ans
Selon ZDnet, cette version toute "propriétaire" des données personnelles des utilisateurs de Passport avait cours depuis... deux ans. Non seulement elle témoigne d’une appréciation des "données personnelles" fort contestables, mais Passport devrait être au cœur d’Hailstorm, la nouvelle suite logicielle de Microsoft. Il s’agit en effet d’optimiser cette concentration des données au sein des serveurs de la société et, donc, de "faciliter" la navigation des internautes, leur approche du commerce électronique, et le transfert de données depuis un ordinateur vers un PDA, un téléphone portable, etc. Suite à l’article du Register, un porte-parole de Microsoft s’est empressé de corriger le tir, comme le rapporte Internet.com
: "Nous n’avons pas eu le temps d’expliquer que les conditions d’utilisation actuelles des Passport ont besoin d’être mises en adéquation avec le produit. Celles-ci sont en passe d’être mises à jour, et c’est notre faute si elles sont encore en l’état. Les utilisateurs devraient nous juger sur les conditions d’utilisations des données personnelles de Microsoft.com, qui sont prioritaires par rapport à toute autre formulation." Mouais...
Par ailleurs, un étrange bug survient lorsqu’on veut consulter lesdites conditions d’utilisation. Une fenêtre pop up cherche en effet à se connecter à "ExpressPurchase" sur http://quandry/consumer/update.asp ?SetTarget=true, ce qui ne correspond à rien, puisqu’il n’y a pas d’extension .com, .net, .org ou autre. Nous avons cherché ce que cela pouvait bien être, mais quandry.com, .net ou .org ne correspondent à rien, et le site de Passport n’en parle pas. Microsoft n’a pas été en mesure de répondre à notre e-mail concernant ce bug qui a réussi à faire planter l’un de nos ordinateurs.