Ils ont l’air niais et presque vivants. L’électronique fait parler les plus évolués... Pour les amateurs d’humour noir en ligne, ces jouets populaires sont des victimes désignées.
La " Weird science " - la science déjantée - est une vieille tradition des comics américains. Sa recette ? Le monstre de Frankenstein, le Dr Jekyll et Mr Hyde, mais en version drôlatique. L’Internet est évidemment l’endroit rêvé pour susciter ces frissons d’ados prolongés. Sur le Web, on trouve ainsi des séances de torture ayant pour sujet une poupée-mannequin Barbie et une gentille peluche électronique Furby.
Premier exemple, Trygve Lode et son site. Des Barbie soldées chez le marchand de jouets du coin, plus le désir de " faire avancer la connaissance humaine dans des zones qu’aucun être normal ne prendrait jamais la peine d’explorer " : c’est tout ce qu’il a fallu à l’auteur et à sa " Fondation pour la recherche non-naturelle " avant de se lancer dans l’autopsie pointilleuse du fameux mannequin Mattel. Le " Visible Barbie Project " de Trygve Lode est la caricature du très sérieux " Visible Human Project ", suite de photos désormais en ligne présentant des coupes, à intervalles de 1 millimètre, de l’organisme humain – en l’occurrence, veut la rumeur, celui d’un condamné à mort.
Mais pourquoi la poupée était-t-elle soldée ? Souffrait-elle d’ESB (l’Encéphalopathie Simpliste de Barbie) ? Dans la chambre de conservation cryogénique de Trygve (son frigo garni de provisions), le corps nu de Barbie repose, protégé par un drap (un carré de Sopalin). L’opération durera six heures, compte non tenu du temps nécessaire au nettoyage de la scie à ruban horizontale Grand Rapids de 0,75 CV, complètement encrassée par les cheveux de blond nylon.
Toutes les étapes seront photographiées. Du début – " Selon l’’Anatomie de Pink, je dois d’abord couper selon le plan central de l’encéphale… ", écrit Trygve – aux plans finaux, où les morceaux épars de plastique rosâtre, disposés sur un linge blanc à l’aide d’une pince à sucre visible dans le champ, et chacun accompagné d’une échelle centimétrique, sont immortalisés avec une froideur toute médico-légale.
L’idée originale de Trygve était de modéliser à l’ordinateur son travail de dissection. L’imprécision de sa scie électrique l’en a empêché. Ne reste de ce massacre sur matière synthétique qu’un air de James Ballard, ou de Lautreamont, à la sauce Mickey-Parade.
Toujours au nom de la science : l’électricité. Animé par des bricoleurs qui s’y connaissent, le site Voltnet.com se spécialise dans la haute tension créative. Un délire imaginaire sur la cuisine à 220 000 volts, par exemple, avec un courrier des lecteurs parfaitement crédible. Mais les gens de voltnet font aussi des travaux pratiques : qu’arriverait-il si par malheur la foudre frappait un promeneur tenant au-dessus de sa tête un Furby, l’une de ces gentilles peluches niaisement interactives ? Uh Oh... Les transformateurs gros comme des ballons d’eau chaude des sorciers de l’étincelle ne vont pas tarder à le démontrer !
Phase Un. Le Furby semble normal. Posé sur une plaque à pizza et surmonté d’une électrode tubulaire, le jouet agite ses oreilles de haut en bas. Il répète " Cock-a-doodle-doo " et fait des bruits variés… Phase Deux. 20 000 volts sont envoyés, un arc électrique se forme autour de la tête du Furby. Phase Trois : coupure de l’électricité. Début de la combustion naturelle du jouet. Après être resté parfaitement muet durant le test, notent les savants de Voltnet.com, le Furby a commencé à se balancer d’avant en arrière et à émettre des bruits lugubres. Phase Quatre. La combustion spontanée se poursuit durant quinze minutes jusqu’à ce que le jouet soit réduit à un tas fumant de cendres toxiques… Verdict du test : " échec misérable du jouet. " Voltnet.com vous offre de vivre en vidéo ce supplice sans importance, si votre cœur d’enfant est encore assez bien accroché.
Toujours anglo-saxon, dans un genre plus élégant mais diaboliquement long à charger, le site " Dr. Vulture’s Laboratory of Evil Science " (Laboratoire des sciences Maléfiques du Dr. Vautour) réservera de bonnes surprises aux amis du savoir et du bon goût.