Tandis que Bill Gates et Corbis offrent à des millions de clichés un enterrement de première classe, une banque allemande expose les fleurons de sa collection de photos d’art....
Einstein tirant la langue, John-John Kennedy au garde-à-vous devant le cercueil de son père, le pont aérien de Berlin, la construction de l’Empire State Building, le creusement du canal de Panama... Les dix-sept millions de clichés du fonds Bettmann pèsent lourd dans la mémoire collective du XXe siècle. Ce patrimoine appartient depuis 1995 à Bill Gates et à sa société Corbis. Bientôt, ce trésor argentique sera enseveli dans une mine désaffectée de Pennsylvanie, ou l’hygrométrie et la température lui garantiront une très longue conservation. Mais des historiens crient au hold-up : seule une infime fraction du fonds Bettmann, déjà numérisée par Corbis, demeure disponible à la reproduction et au regard. Le reste attendra, pour sortir du sépulcre, le bon vouloir de Gates et des tendances du marché.
Images jamais vues
Certains planquent leurs trésors argentiques, d’autres les font admirer. Jusqu’au 3 juin, la DG Bank, propriétaire d’une collection de 4 000 pièces ("la photographie dans l’art contemporain") en présente une sélection exceptionnelle à la Schirn Kunsthalle de Francfort. Des images peu ou jamais vues de 50 artistes, de Richard Avedon à Andy Warhol. Le commissaire de l’exposition est Christian Caujolle, qui tient la barre de la galerie et de l’agence VU. Il a choisi de montrer, dans ce cadre, le travail photographique d’une demi-douzaine de ses poulains. Thème du florilège ? "Le pourquoi de la pratique d’auteurs qui proposent une vision bougée, floue, évanescente, d’un monde que l’on sent en train de disparaître"...
L’expositoin de la DG Bank (site en construction):
http://www.gmkom.de
la société Corbis:
http://store.corbis.com/