Encore inédite en France pour le grand public, la localisation instantanée des utilisateurs de téléphones mobiles, dans un but pratique ou commercial, devrait faire son apparition dans les prochains mois.
 Julien Chambaud |
Et si la localisation des utilisateurs était la
killer application qu’attendent les acteurs de téléphonie mobile pour effacer les difficiles débuts du Wap ? La localisation (géolocalisation pour certains), c’est-à-dire la possibilité d’être situé géographiquement à partir de son téléphone portable (même en veille), laisse en effet entrevoir de nombreux débouchés pratiques ou commerciaux. Quelques opérateurs ou sociétés spécialisées se sont déjà lancés sur ce créneau en Europe : le finlandais Sonera (localisation d’amis, informations touristiques, trafic routier, etc.), l’allemand Viag-Interkom (réservations d’hôtel, etc.), le britannique SpotFlash (réception d’offres promotionnelles dans l’enceinte d’un centre commercial)...
Immédiatement opérationnelle
Si l’on exclut les effets d’annonce, les sociétés qui proposent de tels services sont, certes, encore rares. Plus pour très longtemps. Lors du séminaire consacré à la localisation, organisé par Euroforum à Paris les 27 et 28 mars, ce marché a été évalué à environ 30 milliards de dollars à l’horizon 2005, dont une dizaine en Europe. Près de la moitié des clients "desservis" utiliseraient alors, plus ou moins régulièrement, les services de localisation. Techniquement, tous les opérateurs peuvent dès aujourd’hui lancer leurs services de localisation, en repérant les clients à partir de la cellule dans laquelle ils se trouvent (la zone de couverture de l’antenne qui prend en charge leurs communications à un instant donné). C’est la technique dite de Cell-ID (Identification de cellule), qui compense sa faible précision (entre 200 mètres de rayon en ville et 20 km en rase campagne) par des frais de déploiement minimes. Les opérateurs pourraient ainsi simplifier les actuels services du Wap. Les utilisateurs pourraient, par exemple, connaître instantanément l’état du trafic dans la zone où ils se trouvent sans avoir à tapoter leur position... Les opérateurs pourront ensuite progressivement améliorer la précision de la localisation en fonction de leurs besoins. D’abord en calculant plus finement la distance entre l’antenne et le mobile à partir de la puissance d’émission de ce dernier (Cell-ID amélioré, précision 200 à 500 mètres). Puis en passant, au fil des années, à des méthodes plus coûteuses : la triangulation -estimation de la position à partir de plusieurs cellules adjacentes (précision : 50 à 100 mètres) - ou la localisation GPS - localisation par plusieurs satellites, éventuellement assistée par le réseau de téléphonie, à partir d’une puce dans le portable qui coûte environ 30 dollars aujourd’hui (précision : 5 à 70 mètres).
Nouvelles règles de conduite
Les opérateurs français devraient lancer leurs premiers services grand public de localisation dans les prochains mois, peut-être en même temps que le GPRS (qui augmentera le débit du Wap), ou même avant si les mobiles GPRS se font trop attendre. France Télécom, qui devrait être le premier à se lancer, aura alors tiré les leçons de l’expérience du service de localisation professionnelle d’une flotte de véhicules que l’opérateur a lancé, il y quelques semaines déjà. Des problèmes de compatibilité (entre technologies de localisation, entre modèles de mobiles, etc.) freinent cependant les efforts des uns et des autres. Ce qui a poussé Motorola, Ericsson et Nokia à créer, en septembre 2000, le Lif (Location inter-operability forum), une organisation qui compte maintenant 150 membres travaillant de concert avec les organismes de standardisation.
Reste que les problèmes éthiques rendent les opérateurs très prudents. Car la situation géographique d’une personne est une donnée personnelle qui ne doit pas pouvoir faire l’objet de traitement sans l’accord de cette personne. À supposer que les nombreux acteurs de ce marché naissant respectent cette obligation (ce qui sera indispensable pour rassurer le public), de nouvelles règles de communication devront également être établies. Comme la possibilité de filtrer très finement les informations locales que l’on veut bien recevoir sur son mobile, au risque d’être submergés de messages publicitaires dès que l’on passe dans une rue commerçante.
Genion Home, de l’opérateur allemand Viag-Interkom:
http://www.genion.de
ZagMe, de la société britannique SpotFlash
http://www.zagme.com
Location inter-operability forum:
http://www.locationforum.org/
Pointer, de l’opérateur finlandais Sonera
http://www.sonera.com/positioning