Les caméras numériques utilisées par les télévisions peuvent désormais produire des images fixes, publiables sur papier. Les photographes de presse doivent-ils se recycler ?
Sur le site photographie.com, magazine en ligne sur l’actualité de l’image, on peut lire dans la rubrique On Focus, un article intitulé "Nous prévoyons la disparition du photographe". "Dans les dix ans à venir, les prises de vue seront effectuées par des cameramen dont les images serviront à la fois pour des supports fixes et des supports animés", indique le texte. Ces propos sont attribués à Guy Kopelowicz, responsable du service photo parisien d’Associated Press, l’une des trois grandes agences mondiales d’information.
Un seul opérateur pour la vidéo et la photo
Les avancées technologiques dans le domaine de l’image permettraient bientôt, via des Betacam numériques, de livrer des images destinées à la télévision. Ainsi que des images fixes exploitables sur support papier et donc diffusables à toute la presse. Mais Guy Kopelowicz regrette que ses propos aient été extraits de leur contexte et s’explique : "AP s’est lancé dans le contenu télé, il y a plus de sept ans maintenant. À la vue des progrès technologiques, il n’est pas à exclure que beaucoup de photographes d’actualité se reconvertissent à la vidéo. Ce ne sont donc pas tant les photographes qui sont appelés à disparaître, mais plutôt les photographies."
À l’agence Reuters, on est beaucoup plus prudent. "Ce n’est pas du tout le même métier. D’une certaine manière, c’est même l’inverse. Les photographes cherchent à résumer un événement en une seule image, alors qu’un reportage télé s’organise en plans, qui, par définition, ne peuvent livrer qu’une partie de l’information. Les photographes font en effet des stages de formation en vidéo, mais comme ils en font aussi en texte ou en infographie", juge Malaury Langsdon, directeur de la photo chez Reuters. Son homologue de l’AFP s’avère tout aussi réservé, déclarant que si la technologie est belle et bien là, le débat doit désormais porter sur des problèmes de choix éditoriaux et de qualité rédactionnelle.
Réduction des coûts
La tentation est grande en effet d’imaginer qu’un seul opérateur puisse fournir du contenu destiné à deux supports différents. On voit déjà par exemple, dans la rubrique News du site de TF1, apparaître un fil d’info en images, directement prélevé des différents reportages télé. Le phénomène de concentration du secteur de l’image, démarré en 1999, s’accompagne en effet d’une volonté de réduire les coûts de l’outil photographique, traditionnellement cher dans le milieu de la presse, et à en élargir la diffusion pour plus de rentabilité. Une fois de plus, c’est la pluralité de l’information qui risque d’en pâtir.