La Privacy Foundation sort son Top 10 : surveillance électronique des employés de bureau, données personnelles médicales, DoubleClick, Amazon, Carnivore, Chief Privacy Officer... guère de surprises, mais un panorama fort peu amène.
Si seulement 27 % des sociétés américaines lisent les mails de leurs employés, les deux tiers des sociétés les espionnent d’une façon ou d’une autre. Surveillance du surf, de tout ce qui est saisi au clavier, des boîtes vocales ou encore vidéoflicage, aux ...tats-Unis, la vie de bureau ressemble de plus en plus à Big Brother. La loi américaine l’autorise, pourquoi les sociétés s’en priveraient-elles ? Résultat, le business de la surveillance électronique est en plein boom. On peut mesurer les effets de cette vogue au nombre de salariés licenciés pour avoir échangé des photos plus ou moins pornos. La surveillance au travail occupe ainsi la première place au Top 10 des atteintes à la vie privée que vient de publier la Privacy Foundation, un organisme américain qui s’était fait connaître en révélant l’existence des web bugs (ou "pixels blancs"), qui servent à surveiller les internautes à leur insu.
Carnivore à l’honneur
Le palmarès montre aussi l’intérêt accru des professionnels de la santé, des assurances ou encore des employeurs, qui aimeraient bien pouvoir intégrer les données médicales de leurs clients et/ou employés à leurs bases de données. Le danger est latent : un projet de loi, épais de 1 553 pages, censé garantir la protection de ces données à haute valeur personnelle ajoutée, est à l’étude depuis six ans et ne sera pas mis en œuvre avant deux ans. Il coûtera plusieurs milliards de dollars aux sociétés privées. Le Carnivore du FBI est lui aussi à l’honneur, ainsi que le leader des régies publicitaires en ligne, DoubleClick, qui s’apprêtait, il y a un an, à revendre les profils de 100 000 internautes. Ou encore Amazon dont le brusque changement de charte de protection des données personnelles effectué cet été, l’"autorise" désormais à les partager avec ses partenaires... La vague de Chief Privacy Officers qui a déferlé cette année aux ...tats-Unis est également dénoncée par la Privacy Foundation : ces "directeurs de la vie privée" sont plus versés dans le marketing, les relations publiques ou encore le droit des affaires et servent surtout de cache-sexe. Il convient en tout cas de suivre l’évolution de cette forme appliquée de l’auto-régulation du marché.