Des chercheurs européens se sont aperçus qu’ils pouvaient moduler l’appétence de rats et de souris pour la cocaïne en agissant sur certains récepteurs hormonaux. Si notre cerveau fonctionne comme celui des rongeurs, cette découverte est le premier pas vers la mise au point de médicaments traitant la toxicomanie.
Les rongeurs présentent plusieurs avantages pour les neurobiologistes : Prolifiques, sociaux, ils ont un goût prononcé pour les psychotropes. L’équipe italo-franco-hollandaise de chercheurs menée par Pier Vincenzo Piazza a ainsi permis à des rats (et des souris) captifs de s’auto-administrer librement des doses de cocaïne en déclenchant un mécanisme à l’aide de leur museau. Ils ont pu vérifier que les animaux augmentent régulièrement la fréquence de leurs prises, jusqu’à finir par délaisser toute autre activité « naturelle » comme manger, boire ou s’accoupler.
Un comportement si proche de celui de certains toxicomanes qu’on parle dans ce cas de modèle animal de la dépendance : Un traitement agissant efficacement sur la dépendance des rats ou des souris sera ainsi jugé potentiellement efficace pour traiter la toxicomanie humaine.
Or, chez certaines lignées de souris transgéniques où un gène codant pour GR, un récepteur hormonal, avait été inactivé, ils ont constaté que « les animaux montrent une motivation plus faible à s’administrer la cocaïne ». Le même phénomène a été obtenu avec des rats à qui l’on a administré une molécule antagoniste de GR (une molécule qui bloque l’action du récepteur). Ces résultats ont été publiés dans la dernière édition de la revue scientifique Journal of Neuroscience.
Pour Piazza et ses collaborateurs, l’importance du récepteur GR dans l’entretien du comportement toxicomaniaque en fait la cible idéale d’une nouvelle famille de médicaments traitant la dépendance à la cocaïne.
Source:
Journal of Neuroscience.
The glucocorticoid receptor as a potential target to reduce cocaine abuse
V. Deroche-Gamonet, I. Sillaber, B. Aouizerate, R. Izawa, M.Jaber, S. Ghozland, C. Kellendonk, M.Le Moal, R. Spanagel, G. Schütz, F. Tronche and P. V. Piazza, June 1, 2003