Scandale en Helvétie : alors que les services de renseignement suisses venaient d’annoncer la création d’une version réduite d’Echelon, le système de surveillance électronique anglo-saxon, les Américains seraient en passe d’y installer une de leurs propres stations...
Peggy Pierrot |
En août dernier, le magazine suisse
Webdo révélait que la confédération helvétique allait se doter d’un système de surveillance électronique des télécommunications (fax, téléphone, Internet, etc.) semblable, mais en modèle réduit, au désormais célèbre Echelon, le système de surveillance électronique anglo-saxon. Intitulé SATOS 3, ce projet devait disposer d’une dizaine de paraboles d’écoute fonctionnant avec un logiciel de recherche et traitement de mots-clés. On apprenait aussi que les services de renseignement militaires suisses allaient ainsi pouvoir échanger des informations avec leurs homologues français et allemands. Mais, selon dimanche.ch, le supplément dominical de
Webdo, il risque d’y avoir de la friture sur la ligne.
Une filiale déguisée de la NSA ?
Lors d’une réunion extraordinaire de la Commission de la politique de sécurité du Conseil des ...tats, rapporte le journal en ligne, les sénateurs helvétiques ont en effet découvert que les huit stations satellites suisses de l’opérateur Swisscom, qui étaient à vendre depuis quelques mois, ne l’étaient plus. Elles ont été rachetées, en catimini, par Verestar, une société américaine. Alan Box, un représentant de l’entreprise interrogé par dimanche.ch, avance que les stations suisses “sont un premier point d’ancrage en Europe. Elles permettent de faire la liaison avec tous les satellites situés au-dessus de l’océan Indien et complètent ainsi notre infrastructure". Verestar possède déjà 10 stations aux ...tats-Unis totalisant plus de 160 antennes satellites. Filiale de la société American Tower Corporation, qui possède quant à elle 10 300 relais terrestres de communications électroniques, c’est l’un des leaders de la "transmission de la voix et de données ainsi que des services internet à l’intention du gouvernement américain et des compagnies de croisière maritime". Or, qui peut retransmettre peut aussi intercepter, et la société serait, selon des sources militaires suisses, une succursale déguisée de la National Security Agency (NSA), le maître d’œuvre d’Echelon, le système de surveillance mondiale anglo-saxon.
Du bon voisinage en matière d’espionnage
La NSA possède déjà des stations d’écoute au Danemark, aux Pays-Bas, en Angleterre, en Allemagne, en Norvège et en Suède. Elle a commencé à externaliser une partie de ses activités en les confiant à des prestataires privés. Selon un ancien haut-fonctionnaire du gouvernement américain, cité par dimanche.ch, il s’agirait là rien de moins que des prémisses à la privatisation d’une bonne part des activités de la célèbre agence. Duncan Campbell, le journaliste qui a révélé l’existence d’Echelon, estime, lui, que "la Suisse est en train de rejoindre le système Echelon comme partenaire minoritaire" ! Ironie de l’histoire, c’est à Loèche, dans le Valais, là même où se trouve la plus importante des stations vendues à Verestar, que se trouve la plus importante des stations d’interception de Satos 3. Il risque effectivement d’y avoir de la friture sur la ligne. À moins que les éventuelles querelles de voisinage ne se soldent par une aimable colocation, avec partage en règle des frais, des charges... et des informations.