L’agence spatiale américaine en appelle au sens civique des internautes américains et à l’altruisme des autres. Elle leur propose d’aider ses chercheurs à identifier des cratères sur des photos de Mars, afin de retracer l’histoire géologique de la planète rouge.
image: Nasa Montage: Julien Chambaud |
Il n’y a pas de petites économies pour la Nasa . En lançant "Mars Clickworker", un site consacré à l’étude des cratères de la planète Mars, l’agence spatiale américaine a eu l’idée géniale de faire travailler les internautes pour elle. Gratis. Elle les invite donc à repérer les cratères sur une photo de la planète Mars, et à les entourer à l’aide de la souris. Pour, ensuite enrichir la classification de la maison... Deux types de clichés sont proposés, couvrant 60 ou 237 km2. Ils proviennent soit de la sonde Viking Orbiter, soit de Mars Global Surveyor (les clichés provenant de cette dernière sonde étant plus difficiles à travailler). Les internautes doivent ensuite classer les cratères précédemment identifiés en trois catégories : cratère récent, cratère dégradé, cratère fantôme. Des exemples sont fournis sur la page pour guider l’internaute dans sa classification. Que se soit lors de l’identification ou de la classification des cratères, chaque photo est proposée à plusieurs internautes afin de limiter les risques d’erreurs. Bien intentionnée, la Nasa propose un module de formation en ligne à la classification des cratères. Mais attention à ne pas trop en demander : les explications se bornent à vérifier que l’internaute sait entourer un cratère, et il est précisé sur le site : "
S’il vous plait, résistez à la tentation de nous envoyer des e-mails à propos des images ; nous n’avons pas le personnel pour les lire ou y répondre. (...) La Nasa propose de nombreux sites éducatifs, mais celui-ci n’en est pas un. Vous pourrez apprendre certaines choses sur ce site, mais par vos propres moyens."
Aide nous et tais-toi
Un peu plus loin sur son site, l’agence spatiale américaine ajoute que lui envoyer des e-mails, la contraindrait à faire mauvais usage de ses ressources et à gaspiller son précieux temps. En clair, au lieu de poser des questions, remettez-vous au travail ! On a beau être bénévole, on n’est pas là pour se la couler douce. Et puisqu’il n’y a rien à gagner et qu’il faut bien motiver les troupes, la Nasa utilise les bonnes vieilles ficelles en touchant les Américains là où ça fait mal : au portefeuille. L’agence spatiale américaine explique dans les FAQ du site Mars Clickworker qu’en participant à ce programme, on pourra "permettre d’économiser l’argent des contribuables. Aujourd’hui, trois à cinq dollars (22 à 36 francs) par foyer fiscal sont dépensés pour les missions relatives à Mars". En veine d’ouverture, la Nasa n’empêche évidemment pas les internautes étrangers de donner un petit coup de main... Depuis son lancement au mois de novembre 2000, le site a permis l’identification de près d’un million de cratères et la classification de 172 000 d’entre eux. Mars Clickworker est un petit projet, mais si les résultats sont encourageants, un projet plus ambitieux pourrait voir le jour explique l’agence spatiale américaine. Car plus encore que l’histoire géologique de Mars, ce dispositif doit permettre de savoir si "le public est prêt, a envie et est capable d’aider la science". Et si les résultats produits sont aussi intéressants que ceux produits par les professionnels.