Le procureur de Paris a chargé la DST d’effectuer une enquête préliminaire sur le réseau d’écoute américain Echelon. Les parlementaires européens devraient également, le 5 juillet, se prononcer sur la création d’une commission d’enquête sur le même thème.
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Jean-Pierre Dintilhac, procureur de la République de Paris, vient de saisir la Direction de la surveillance du territoire (DST) pour une "
enquête préliminaire" sur le programme Echelon. L’ex-juge Thierry Jean-Pierre, aujourd’hui député européen (et trésorier de Démocratie libérale), avait écrit au procureur, le 2 mai dernier, pour l’informer des "
atteintes à la vie privée (...) et aux intérêts liés au commerce ainsi qu’aux entreprises, voire aux intérêts supérieurs de la nation" que représente le désormais célèbre Big Brother anglo-saxon (lire
Echelon is watching you). C’est la seconde fois en trois mois que
Le Figaro révèle que des Français tentent d’instruire le procès d’Echelon. Le quotidien du matin dévoilait, fin mars, qu’un collectif d’internautes, Akawa, soutenus par deux avocats spécialistes de la question, maîtres Jean-Pierre Millet et David Nataf, venaient de porter plainte contre X... Afin de faire la lumière sur les "
violations du secret des correspondances" occasionnées par Echelon. Si l’Assemblée nationale a diligenté, le 22 mars dernier, une mission sur la question, l’information concernant l’enquête préliminaire confiée à la DST arrive à point nommé : les parlementaires européens doivent décider ce mercredi 5 juillet de la constitution, ou non, d’une commission d’enquête sur Echelon.
La grande muette et les grands oreilles du "grand frère"
Vivement encouragée par les Verts, cette initiative est cependant gelée à la fois par les parlementaires anglais (leur base de Menwith Hill étant la plus importante de toutes les stations d’écoute de la National Security Agency), et par ceux des principaux partis de la Communauté. Notre confrère ZDnet révélait, dans un dossier paru il y a une dizaine de jours, que dix pays membres de l’Union européenne (Danemark, Allemagne, Finlande, Grèce, Italie, Pays-Bas, Norvège, Portugal, Espagne et Suède) cèderaient aux grandes oreilles anglo-saxonnes des stocks entiers de données interceptées. On apprenait également que les industriels européens mettaient au point un système d’écoute transfrontalier destiné à faciliter le travail des forces de l’ordre, projet initialement connu sous le nom d’Enfopol. Last but not least, l’édition anglaise de ZDnet publiait la semaine dernière la première photo connue de l’une des quinze stations d’écoutes françaises, recensées à ce jour et faisant partie de ce que les anglo-saxons ont opportunément surnommé "Frenchelon". Le quotidien en ligne rapporte ainsi ces propos troublants : "Nous n’avons rien à envier des Américains. Nous avons notre équivalent d’Echelon en France." Des propos fort intéressants, surtout lorsque l’on sait qu’ils émanent... d’un officier de la DST, la "grande muette" opportunément chargée aujourd’hui d’enquêter sur les menaces de son "grand frère" anglo-saxon. À quand une enquête du FBI sur les menaces de Frenchelon ?