La bourse de Londres connaît une série de "bugs" pour le moins étonnants.
Mercredi
5 avril, la City ouvrait avec... huit heures de
retard. Officiellement, il s’agit d’un "problème
grave" dû à des "données
corrompues" dans le système géré
depuis 1996 par Andersen Consulting. C’est la
pire des pannes informatiques que l’institution
boursière londonienne ait jamais connue en
227 ans de carrière, et... la seconde en
moins d’une semaine : lundi 3 avril, un problème
technique avec Reuters avait empêché
l’affichage du principal indice boursier de la
City pendant quatre heures. Une enquête est
en cours, d’autant que ces "bugs" arrivent
au pire moment pour les dizaines de milliers d’investisseurs
londoniens.
Journée noire
Ce mercredi 5 avril devait en effet être
une journée très chargée pour
le marché anglais : c’était le
dernier jour de l’année fiscale, celui
qui voit les investisseurs revendre des actions en
masse, avant de les racheter le lendemain, histoire
d’éviter de payer trop de taxes ; c’était
aussi le lendemain de l’"e-krach" qui
a vu le Nasdaq chuter de 14 % en deux jours et les
petits et gros porteurs du monde entier tenter de
préserver leurs portefeuilles de cette "correction"
du marché ; enfin, le Financial Times évoquait
le matin même des pourparlers de fusion (pas
encore confirmés) entre le London Stock Exchange
et la bourse de Francfort, son grand rival européen
réputé, selon un analyste anglais cité
par l’AFP, pour avoir "le meilleur bilan
technologique en Europe". Bref, le moment
ne pouvait être plus mal choisi.
Bug juteux
Au final, la City n’a enregistré
que 80 000 ordres ce jour-là, au lieu des 120
000 habituels et des 160 000 prévus, certains
banquiers, boursicoteurs ou gros investisseurs estiment
avoir perdu entre quelques milliers et quelques millions
de livres, et la City s’est ridiculisée
aux yeux de la finance internationale. Seule point
"positif" : l’évasion fiscale
prévue n’a pu avoir lieu et l’on estime
que ce "bug" devrait ramener plusieurs millions
de livres supplémentaires dans les caisses
de l’état britannique.
Une panne banale ?
"Ça arrive tous les jours",
nous a expliqué Olivier Allot, du service de
presse de ParisBourse, qui annonçait par ailleurs
le 20 mars dernier la fusion des places boursières
de Paris, Bruxelles et Amsterdam : "Nous avons
déjà connu des pannes, mais pas aussi
longues, la pire a dû durer entre trois heures
et trois heures et demie", et aucune place
boursière n’est épargnée.
Pas de quoi paniquer en somme. Sauf que, outre la
conjonction boursière particulièrement
tendue, il se trouve que l’Angleterre est aussi
au cœur d’un vaste débat touchant
au futur de l’Internet et que cette succession
de "bugs" (voir aussi La censure à
l’assaut de l’internet anglais) fait étrangement
penser à ce qui se passa aux ...tats-Unis
il y a deux mois quand, coup sur coup, la NSA (National
Security Agency) annonça publiquement avoir
connu une panne d’ordinateurs, suivie de près
de la vague d’attaques contre Yahoo !, Amazon,
Ebay, CNN, etc., le tout précédant de
peu l’annonce par Bill Clinton d’une augmentation
des crédits alloués au budget "sécurité
informatique" (voir aussi Mais
que fait la cyber-police ?)...
Liens de l’article :
Reclaim the Street :
http://www.gn.apc.org/rts/
Dépêche AFP : La bourse de Londres en
panne durant près de huit heures
http://fr.biz.yahoo.com/000405/49/aw69.html
Ce n’était pas une attaque de cyber-pirates,
mais un bug :
It was simply a glitch, says the exchange
http://www.newsunlimited.co.uk/business/story/0,3604,156790,00.htm