La CFDT cadres vient de s’offrir un nouveau site. Outre un forum accessible aux seuls syndiqués, il permet au public d’évaluer son vrai temps de travail vrai.
Qu’on ne s’y trompe pas. Si la CFDT a mis en ligne, lundi 2 juillet, un site flambant neuf destiné aux cadres, ce n’est pas pour faire de la retape. Officiellement, la confédération de Nicole Notat n’en aurait pas besoin. La preuve ? "Nous sommes en plein développement : plus 8 % par an", annonce Anousheh Karvar, secrétaire nationale responsable de l’information et de la communication de la branche cadres. Cette toilette d’été alors, c’est pourquoi ? Pour rafraîchir un site vieux d’une demi-douzaine d’années certes, mais aussi pour mobiliser les cadres peu enclins au militantisme. Sur fond d’érosion du mouvement syndical en général.
Qu’on ne s’y trompe - toujours - pas, c’est tout de même la crise du syndicalisme qui pousse la centrale à recourir à la modernité numérique. À la CFDT, la chose s’exprime plus finement : "Un syndicat, ce n’est pas seulement une organisation de militants, mais aussi d’adhérents." Et via l’Internet, on peut escompter accroître, pour la mobiliser, une population qui, plus qu’aucune autre, est connectée, équipée, formée. On peut, en outre, la faire adhérer en ligne au syndicat avec, à la clé, un bonus : l’accès au forum du site.
Retombées statistiques
En apéritif, le site offre une interface du meilleur effet : le logiciel (enjolivé et simplifié) mis en œuvre par le sociologue Yves Lasfargues, qui permet d’évaluer sa vraie-charge-de-travail-vrai en essayant de répondre à un questionnaire en ligne de 50 questions (mais ça va vite). L’outil s’appelle Tempo cadres et aide l’internaute à mesurer son investissement professionnel. À charge pour lui de remplir les cases évaluant tous ses "temps" : travail direct, formation, vie familiale, vie associative, déjeuners d’affaires, transport, réunions incontournables.... À la fin de l’exercice, un diagnostic en ligne s’affiche : x % de votre vie tourne autour du boulot. Malin. Et peut-être mobilisateur, à l’époque des 35 heures, vraies ou fausses. Tout en n’ignorant pas l’aspect aléatoire des pseudo-sondages en ligne, le syndicat en attend des retombées statistiques instructives. Et l’élargissement de la réflexion dans les grandes entreprises où les sections locales sont invitées à avoir recours au joli outil.
À partir du mois de septembre, la CFDT s’intéressera à ce que font ses concurrents et néanmoins amis en Europe. Car, de la Suède à la Grande-Bretagne, en passant par le Portugal, il se passe de drôles de choses sur les webs syndicaux. On y vend des assurances, des séjours de vacances, des réductions sur des achats de matériels divers. Le "benchmarking" (comme on dit à la CFDT), c’est encore du syndicalisme.