Une équipe de chercheurs américains a pu démontrer, grâce à l’imagerie par résonnance magnétique, que la perception de la douleur n’est pas la même pour tous. C’est la première fois qu’on parvient à relier la sensibilité à la douleur, notion subjective, avec des indices physiologiques, donc objectifs.
Pour évaluer le niveau de douleur ressenti par leurs patients, les médecins leur demandent habituellement de l’estimer sur une échelle de 1 (pour un léger inconfort) à 10 (pour une douleur insoutenable). On s’est aperçu que ces estimations variaient considérablement d’un individu à l’autre, mais on ne savait pas si cela pouvait être imputé à de réelles différences physiologiques dans la perception de la douleur.
Plus de sang chez les douillets
Dans le cerveau, l’activation d’une zone particulière se traduit quasi instantanément par un afflux de sang et d’oxygène que l’on peut visualiser avec la technique d’imagerie par résonnance magnétique fonctionnelle (IRMf). Robert C. Coghill, de l’université de médecine Wake Forest, en Caroline du Nord, étudie ainsi depuis plusieurs années la douleur et ses manifestations cérébrales. Il essaie notamment, à l’aide de différentes techniques d’imagerie cérébrale, de découvrir les mécanismes par lesquels le cerveau apprend à oublier les douleurs chroniques.
Avec John G. McHaffie et Ye-Fen Yen, il a découvert que chez les sujets qui se déclarent les plus sensibles, les zones du cerveau impliquées dans la douleur sont plus souvent et plus intensément activées : il s’agit du cortex somato-sensoriel, qui permet d’identifier et de localiser l’origine des douleurs, et du cortex cingulaire antérieur, qui traite les sensations désagréables déclenchées par la douleur. Ces résultats viennent d’être publiés dans l’édition en ligne de la revue PNAS (Proceedings of the National Academy of Science).
Coghill poursuit ses recherches sur ces différences physiologiques. Selon lui, elles ont pour origine des facteurs tels que l’état émotionnel ou les expériences douloureuses vécues par le sujet. Il envisage ainsi d’étudier comment l’appréhension de la douleur peut influencer la douleur réellement ressentie par un sujet.
L’article de Coghill, McHaffie et Yen paru dans les
Proceeding of the National Academy of Science :
http://www.pnas.org/cgi/content/abs...