Laurent Jesover, webmestre d’ATTAC, Association pour la taxations des transactions financières pour l’aide aux citoyens, est actuellement à Zurich, en Suisse, où il assiste à une conférence internationale réunissant les mouvements de résistances internationales aux effets de la globalisation. Il participera demain à la contre-manifestation (toujours interdite) de Davos. Joint par téléphone, Laurent Jesover explique comment les associations tirent pari du Net. Mais surtout, comment le mouvement social se mobilise sur le Réseau pendant les réunions de Davos et de Pôrto Alegre.
Menez-vous des actions spécifiques sur la Toile à l’occasion des réunions de Davos et Pôrto Alegre ?
Laurent Jesover Transfert |
Notre but est surtout d’informer - via notre site ou nos listes de discussion - nos réseaux militants sur ce qui se passe à Davos et à Pôrto Alegre, où se déroule pour la première fois le Forum social mondial. Nous avons monté par exemple une équipe internationale de journalistes [portugais, français] et de volontaires, tous membres d’ATTAC, afin d’éditer un bulletin d’information quotidien. En dehors d’ATTAC, d’autres initiatives sont également prévues sur la Toile. Un pont audiovisuel reliant par satellite la Suisse et le Brésil sera organisé dimanche. Il réunira les représentants du monde économique de Davos et ceux du monde social de Pôrto Alegre. L’événement sera diffusé sur Internet en différé, mardi, pour des questions de budget, sur madmundo.tv.
Que change Internet dans la diffusion d’informations sur ce genre de rendez-vous internationaux ?
L’avantage, c’est que l’information provient d’un réseau décentralisé. En complément aux agences de presses et aux médias traditionnels. Pour le site d’ATTAC, qui met à disposition des associations ATTAC des autres pays une infrastructure technique, il existe environ 60 webmestres. Ils disposent tous d’un code d’accès à l’administration d’une partie du site. Un membre d’ATTAC Portugal pourra ainsi modifier le contenu d’ATTAC Portugal rapidement. Pour diffuser une information urgente, par exemple. Indymedia a poussé cette souplesse d’une organisation décentralisée à l’extrême. Chacun a ainsi la possibilité de publier, par l’intermédiaire du Web, une contribution sur le site.
Existe-t-il des échanges sur la Toile entre les militants présents à Davos et Pôrto Alegre ? Sont-ils susceptibles de peser sur l’ambiance des deux réunions ?
Nous échangeons des mails avec les personnes présentes à Pôrto Alegre. Cela nous permet de nous tenir au courant du déroulement des débats. En ce qui concerne les interactions entre les deux forums, il faut attendre demain. Pour le moment, la police suisse interdit toute manifestation à Davos. S’il s’avère que des faits gravissimes se passent à Davos, les délégués du Forum social mondial pourraient prendre position rapidement.
Des débats sont-ils prévus sur le rôle et l’usage d’Internet dans les mouvements sociaux à Pôrto Alegre ?
Deux ateliers de travail sur ce sujet sont au programme du Forum social mondial. Ce qui est sûr, c’est que depuis quelque temps Internet a permis à des associations de sensibilités différentes de se mettre en contact les unes avec les autres. À un niveau international. Par l’intermédiaire de sites ou de listes de diffusion, elles ont pu échanger leurs réflexions. De ce point de vue, le constat qui émerge de ces collaborations est qu’Internet crée du lien social. D’une certaine manière, l’idée du Forum social mondial est peut-être née de l’Internet.