Après AccorHotel et AccorServices, voici Accortravel. Le site de réservations de voyage en temps réel du groupe Accor arrive sur un marché déjà bien encombré. Le groupe aux 3500 hôtels dans 90 pays aborde l’Internet avec la prudence de l’entreprise traditionnelle et l’ambition du géant qui veut étendre sa toile. Le point sur cette stratégie avec Thierry Gaches, directeur général Internet d’Accor.
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Transfert - Depuis le lancement d’accortravel.com, il y a un mois, vous n’affichez aucun objectif en termes de ventes. Vous communiquez uniquement sur des objectifs de trafic sur le site. Pourquoi cette prudence ?
Thierry Gaches - Ce site est avant tout un catalogue en ligne de nos offres. Nous y mettons donc le maximum d’informations. En tant qu’acteur important du voyage de loisir en France, nous nous devions de répondre à un besoin de service du client et donc d’être présent sur le Web. Mais nous avons aussi pour objectif d’y vendre des séjours et d’y capter de nouveaux clients. Nous allons d’ailleurs décliner prochainement le site en espagnol pour élargir notre public en Europe.
Que pensez-vous du secteur du tourisme en ligne en France, notamment des nouveaux e-voyagistes ?
Contrairement à la Grande-Bretagne ou à l’Allemagne, où le marché est verrouillé par de grosses sociétés, la France est caractérisée par un marché très éclaté, avec beaucoup d’acteurs. Peut-être trop pour que tous survivent. Certains, comme Travelprice, ont fait du joli travail, mais il a fallu qu’ils dépensent beaucoup d’argent pour cela. Des jours un peu difficiles sont à venir pour quelques-uns de ces nouveaux e-voyagistes.
Avec ce site, ne craignez-vous pas de rogner sur les ventes que vous réalisez dans vos agences de voyage ?
Non, pas du tout. Tout d’abord, parce que moins de 15 % utilisent les agences de voyage pour préparer leur voyage. Mais aussi, parce que nous avons prévu, sur notre site, trois manières de finaliser une commande : en payant en ligne, en appelant un call-center, ou en se rendant dans l’agence de voyage la plus proche de chez eux, indiquée sur le site. Notre système de sécurisation des paiements est très performant, mais savons que les internautes restent encore très méfiants vis-à-vis du réglement en ligne. Alors, nous mettons à profit notre présence en off-line et en on-line pour les rassurer. Pour ma part, je pense qu’il y a moins de risque de falsification de sa carte bancaire en payant sur Internet, qu’en retirant de l’argent à un guichet automatique où l’on peut très facilement regarder par-dessus votre épaule.
Accor a multiplié ses investissements dans l’Internet ces derniers temps. Sur quels critères, choisissez-vous ces projets ?
Nous avons effectivement investi dans plusieurs sociétés, dont Despegar, le Travelocity d’Amérique du Sud, Worldres ou encore Go Voyages. Ces acquisitions ou prises de participation ont chacune un but précis. Elles constituent soit des apports technologies, soit des accès vers des clients très précis. Elles ne sont absolument pas faites dans une optique de pure spéculation financière. On ne s’est pas précipité sur le Net dès le début, car nous souhaitions faire des choses en étant sûrs de les maîtriser. Et dans les conditions actuelles du marché, nous redoublons de prudence.