Fabrice Mathieux, thésard à l’...cole nationale des Arts et Métiers de Chambéry, défend "l’écoconception" : les fabricants doivent prendre en compte les problèmes environnementaux dès la conception des ordinateurs.
Fabrice MathieuxDR |
Fabrice Mathieux prépare actuellement une thèse consacrée au problème de la fin de vie des produits électroniques à l’ENSAM (...cole nationale supérieure des Arts et Métiers) de Chambéry. Il travaille notamment sur la notion d’"écoconception". L’objectif : prendre en compte les paramètres environnementaux dès la phase de conception des ordinateurs. Une méthodologie promise à un bel avenir.
Transfert - En quoi consiste la notion d’Eco conception en matière de recyclage des produits électroniques et électriques ?
Fabrice Mathieux - Il s’agit de prendre en compte la fin de vie des produits dès leur phase de conception. D’ici à 2005, les directives européennes imposeront des taux de recyclage très importants pour les ordinateurs obsolètes. À hauteur de 75 %. Les fabricants seront donc dans l’obligation de mettre en place des systèmes de valorisation des déchets électroniques très performants et assez chers pour faire face à leur obligation légale. Ce qui consiste, par exemple, à fabriquer des ordinateurs facilement démontables. Depuis dix ans, les efforts se sont surtout portés sur cette exigence. Au début des années 90, un constructeur de micro informatique, Digital (aujourd’hui racheté par Compaq) a conçu des claviers dont les parties étaient attachées les unes aux autres par des clips. Donc facilement démontables. Ils ont également pensé à identifier clairement les plastiques et à interdire toute adjonction de métaux ou la pose d’autocollants sur les claviers. Aujourd’hui, Compaq possède, en Hollande, une unité de recyclage très efficace pour les plastiques de ses claviers. L’idée est d’aboutir à un démontage partiel des machines, puis à un broyage et enfin à un tri.
Aujourd’hui, rien n’oblige les constructeurs de micro-informatique à prendre en compte les impacts environnementaux dans la fabrication de leurs produits ?
En complément des directives européennes sur les déchets électroniques en fin de vie, qui obligent les fabricants à prendre en charge le coût du recyclage des machines, une autre directive est en cours d’élaboration. Elle prévoit que les producteurs devront concevoir des produits électroniques qui respectent l’environnement sur l’ensemble de leur cycle de vie. C’est en quelque sorte une traduction légale de "l’écoconception".
Quels effets pourraient avoir ces bouleversements sur l’allure générale des ordinateurs ?
La conception en vue de la valorisation des déchets ne devrait pas avoir de
conséquences remarquables sur l’aspect général des produits. À part un marquage visible d’identification des produits, matériaux et polluants. Les modifications devraient plutôt toucher les types et l’association des matériaux, ou l’architecture générale. On peut également prévoir le développement d’une conception modulaire. C’est-à-dire la création de modules spécifiques à l’intérieur de la machine en fonction de la matière utilisée ou de la fonction occupée. On pourrait surtout voir se généraliser la commercialisation de services et non de produits, qui permettraient une meilleure valorisation des produits électriques. Notamment en ce qui concerne la réutilisation des pièces.
Quels sont les problèmes que pose un recyclage et une valorisation de masse des ordinateurs ?
Le principal obstacle demeure la cohabitation de matières plastiques au sein d’un ordinateur. Il reste très compliqué de séparer les différents plastiques. Car les processus de tri industriel concernant ces matières ne sont pas encore très bien maîtrisés. Ce qui explique qu’il y a très peu de recyclage dans ce domaine. L’avenir est aux technologies de tri : par densimétrie, par électricité statique ou par spectrométrie à infrarouge. Toutes ces techniques permettent de séparer une masse importante de plastiques.
Quels sont les matériaux les plus rentables économiquement en matière de valorisation des déchets électroniques ?
Tout ce qui concerne les métaux précieux, comme l’or, contenus dans les circuits imprimés des cartes électroniques. C’est même pratiquement la seule valeur économique d’un ordinateur en fin de vie. Dans ce domaine, il existe deux grandes unités en Europe qui extraient l’or des cartes électroniques. Il s’agit de Boliden en Suède et l’Union Minière d’Anvers. L’extraction de l’or constitue la valorisation la plus viable économiquement des ordinateurs.
Sur le même sujet du recyclage, téléchargez le plan anti-ONG écologistes de Sony au format PDF (220 Ko).