Stéphane GAULTIER est président du Directoire EDITRONICS Education. Il essaie d’adapter le multimédia aux besoins des élèves et des profs, avec un i-m@nuel...
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Quand et comment avez-vous découvert Internet ?
En 1985, j’ai commencé à travailler en télématique. Dès 1993-94, Internet était pour moi une évolution possible du Minitel.
Pourquoi vous êtes-vous impliqué dans Internet ? Quel a été le déclic ?
En 1995, Internet était devenu une évidence. J’étais directeur de La Cinquième développement, filiale de la chaîne éducative, nous avons lancé un site pour nos téléspectateurs.
Quand avez-vous compris que cela allait vraiment décoller en France ?
En 1996, avec l’arrivée des premiers fournisseurs d’accès. La France avait le premier public utilisateur d’interactivité avec 14 millions d’utilisateurs réguliers du Minitel. La transition à court ou moyen terme était inévitable. Pour l’accompagner, nous avons lancé, avec Infonie, W5, le premier fournisseur d’accès à Internet lié à une chaîne de télévision... mais c’était bien trop tôt !!!
Comment avez-vous vécu la période automne 1999-printemps 2000 ? Que faisiez-vous ?
Une euphorie dévastatrice. Un peu ce que nous avions vécu au début du Minitel : l’argent facile a toujours un revers. À l’époque, je montais Editronics Education, société d’e-éducation – édition de manuels scolaires interactifs, le i-m@nuel. Les investisseurs ne voulaient que des projets BtoB, puis de fourniture d’accès, puis de BtoC sans trop se préoccuper du marché et des compétences des porteurs de projets...
Comment analysez-vous aujourd’hui cette frénésie de huit mois ?
Comme toujours quand le balancier part loin dans un sens, il revient loin dans l’autre... à tort. Le capital-risque, c’est risquer sur dix projets, gagner gros sur un, moyen sur deux ou trois, en fusionner deux ou trois pour créer une masse critique et perdre sur le reste. Or, aujourd’hui tout se passe comme si il fallait gagner gros sur les dix projets. C’est normal que des sociétés de cette économie déposent le bilan. Ce qui est plus problématique, c’est de ne pas avoir prévenu les petits porteurs des risques. Les introductions prochaines ne pourront plus s’appuyer sur eux.
Quel a été, selon vous, le signal de la chute des dotcoms ?
Un jour, j’ai entendu l’interview d’un créateur d’entreprise qui voulait donner de l’argent aux internautes qui se connectent par lui pour revendre ces abonnés aux fournisseurs d’accès gratuit. Le calcul était simple : un abonné est valorisé 60 000 francs en bourse, vous le vendez 30 000 francs à un fournisseur d’accès et vous lui recéder 5 000 francs. Ce créateur annonçait qu’il était en négociation avancée avec des investisseurs. Là, j’ai compris que le paroxysme était atteint, et la chute éminente.
Que faîtes-vous aujourd’hui ?
Je dirige Editronics Education, nous venons de lancer nos premiers manuels et cherchons le financement de notre troisième tour.
Croyez-vous toujours autant à Internet ?
Oui !
Croyez-vous au commerce en ligne ? Croyez-vous à l’avenir du Web non marchand ?
Oui, inévitablement comme une évolution de la vente à distance. De nouveaux produits et services pourront émerger grâce au multimédia, mais si vous regardez, vous verrez qu’on retrouve aujourd’hui quasiment les mêmes services sur Internet que sur le Minitel avec la dimension internationale en plus.
Il faut comparer Internet au papier. Le papier ne sert pas qu’à imprimer des bons de commande, des journaux ou des catalogues. Il y a une multitude d’usages non commerciaux du Web qui pourront se développer.
Comment voyez-vous les années à venir ?
Nous revenons à des valeurs de marché avec une offre qui doit répondre à des besoins. Même si ça fait ringard d’en parler, regardez ce qui s’est passé sur le Minitel. Explosion, euphorie, messagerie, jeux, médias.... Aujourd’hui, une grande partie de l’activité se fait sur des services à valeur ajoutée.
Croyez-vous toujours dans ce qu’on a appelé la netéconomie ?
Oui, car le média apporte de nouveaux concepts. Par exemple, Editronics Education est sur le marché de l’édition scolaire, mais ne fait pas du tout le même métier que les éditeurs traditionnels. Il continuera à naître de nouveaux concepts exclusivement issus de ces technologies et donc des sociétés pour prospérer.
Quelles vont être, selon vous, les futures grandes échéances et que vont-elles apporter ?
La prochaine grande échéance est celle des agents intelligents. Pour s’ouvrir à tous et ne plus être un monde obscur et fouillis réservé aux initiés, nous allons devoir développer de nouvelles interfaces basées sur le langage naturel. Des produits comme Via Voice ou Dragon Speaking traduisent la voix en texte, reste à développer les agents intelligents qui sauront traiter ce texte en une action pertinente. Alors, si le Réseau suit en capacité, Internet sera accessible à tous car il dégagera l’utilisateur des contraintes techniques.