Deux sociétés ont cloné des porcs débarrassés d’un gène. Celui-ci est responsable du rejet des greffes animales lors des transplantations sur l’homme. Cette découverte remet le clonage des animaux sur le devant de la scène. Explications de Xavier Vignon, chargé de recherche à l’unité de biologie de l’INRA (Institut national de la recherche agronomique).
L’annonce de la naissance des porcs clonés des sociétés PPL Therapeutics et Immerge Bio signifie-t-elle que les chercheurs ont résolu tous les problèmes d’implantation d’organes d’animaux chez l’homme ?
Pas vraiment. Les problèmes liés à ces types de greffes sont extrêmement complexes. D’une part, on est pas certain que la suppression de ce gène soit suffisante pour éviter tout risque de rejet. D’autre part, on a pas suffisamment d’éléments pour étudier les possibilités de transmission de virus de l’animal à l’homme.
La création de banques d’organes n’est pas le seul objectif du clonage des animaux. Quelles sont les autres applications ?
Il en existe beaucoup d’autres. On peut citer le clonage d’animaux domestiques, capables de synthétiser des protéines aux vertus thérapeutiques dans leur lait. Le clonage d’animaux peut aussi être envisagé pour assurer le renouvellement de races d’animaux qui n’existent pratiquement plus.
On vient d’apprendre que la brebis Dolly, premier animal issu du clonage, souffrait d’arthrite.Une maladie qui atteint les ovins de dix ans alors qu’elle en a six. Doit-on en déduire que les animaux clonés vieillissent prématurément ?
C’est un peu agaçant : lorsqu’on parle de Dolly, on parle d’un seul animal cloné ! Alors que ce qui est vrai pour Dolly ne l’est pas forcement pour les autres. D’ailleurs, il y a des contre-exemples. Des scientifiques américains ont étudié la terminaison de certains chromosomes, les télomères, qui sont des marqueurs du vieillissement, chez des bovins clonés : ils n’ont pas constaté de différence entre la longueur des télomères chez ces animaux et chez des bovins conçus de manière “ naturelle ”. De leur coté, des scientifiques japonais ont étudié six générations de souris clonés. Ils ont constaté, au fur et à mesure des générations, une stabilisation de la longueur des télomères. On peut donc penser qu’on arrête de faire vieillir les animaux après quelques générations. Même si le raccourcissement des télomères n’est pas une preuve absolue du vieillissement. Il s’agit en effet de phénomènes concomitants, tout comme les rides par exemple, qui accompagnent le vieillissement mais n’en sont pas une preuve formelle. D’autre part, on a déjà vu des souris clonées vivre deux ans et demi. C’est très vieux pour une souris. En ce qui concerne l’état de santé de Dolly, il faudra donc encore attendre pour en tirer des conclusions générales sur l’état physique des animaux clonés.