

12/05/2000 • 21h07

L’amour vache

45 millions de machines infectées, des dégâts estimés à 15 milliards de dollars : en une semaine ILOVEYOU est entré dans l’histoire des véroles informatiques comme un des virus (en fait, il s’agit d’un "ver") les plus virulents jamais conçus. Et il ne semble même pas être l’œuvre d’un virtuose de la programmation puisque l’enquête policière s’oriente de plus en plus vers la piste d’une farce mal contrôlée par des apprentis informaticiens d’une école de Manille. ILOVEYOU n’est-il alors que l’ultime avatar d’une série d’attaques (rappelez-vous Melissa) exploitant une faille béante dans la sécurité des produits Microsoft. Ou bien annonce-t-il le début d’une ère d’infections massives, fulgurantes et affectant simultanément les cinq continents ?
ILOVEYOU aura surtout mis en évidence les peurs mais aussi le dénuement des utilisateurs, incapables de prendre les quelques mesures élémentaires qui leur auraient permis de se prémunir. "Chez Start-up Avenue, l’employée qui a commencé à télécharger le fichier du virus qui provenait tout droit de Boston a tout de suite déconnecté la prise Réseau", racontait ainsi le Journal du Net du 9 mai. Elle aurait aussi pu couper le courant… Le simple terme virus suffit à provoquer des réactions technophobiques. Normal, la plupart des gens ignorent ce que sont réellement les virus et les confondent souvent avec d’autres programmes malveillants tels que les vers et les troyens. Une meilleure connaissance de leurs mécanismes d’action constituerait un premier pas dans la protection passive.
Au-delà, les virus fascinent déjà les scientifiques. Loin de redouter leur prolifération, certains considèrent qu’il s’agit des premières créatures d’un écosystème informatique comparable au nôtre. Ils espèrent qu’un jour, toutes les machines de la planète seront non pas vérolées mais habitées par des créatures digitales évoluant pour leur propre compte. Les virus n’ont pas fini de faire parler d’eux.
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