Avec la première édition du salon Barcelona Information Technologies (BIT-2000), qui se déroule du 3 au 6 mai, Barcelone s’affirme comme la capitale espagnole de l’Internet. Depuis un an, la ville catalane possède même un lieu spécialement dédié au Web : le Cibernarium, pris d’assaut par la population.
DR |
Loin des Ramblas et de la Sagrada Famila (la cathédrale inachevée de Gaudi), dans l’un des quartiers les plus récents de Barcelone, les catalans ont à leur disposition un grand bâtiment dédié aux nouvelles technologies : le
Cibernarium. Mille mètres carrés tout en verre et marbre, peuplés d’ordinateurs et d’écrans plats. Détail important : l’accès au Net y est totalement gratuit. Les Barcelonais ont rebaptisé l’endroit "
le Péage de la Xarxa" (la Toile en catalan) car, de là, ils peuvent circuler librement sur les autoroutes de l’information.
Engouement des Catalans
Inauguré le 14 avril 1999, le Cibernarium a reçu près de 28 000 visiteurs lors de ses six premiers mois d’activité. Joli succès populaire pour un projet qui n’était, au départ, pas destiné aux particuliers. La société Barcelona Activa (qui appartient à la mairie) voulait en faire un espace télématique dédié au monde de l’entreprise. Un lieu où professionnels et étudiants pourraient apprendre à entreprendre. L’engouement des Catalans a forcé les promoteurs, qui ont bénéficié du soutien de la Cité des sciences et de l’industrie de Paris, à modifier leurs plans et à accueillir le grand public.
...tudiants, chômeurs et mères de famille
Au rez-de-chaussée, les trois salles rondes baignées de lumière illustrent ce mélange des genres. La première, l’espace Entreprise, permet aux start-ups d’organiser des réunions ou des présentations. L’espace Idées, lui, est réservé aux jeunes créateurs d’entreprises qui cherchent à lever des fonds. En cas de succès, ils rejoindront peut-être le bâtiment jouxtant le Cibernarium, le Forúm Nord, qui abrite une quarantaine de start-ups. La troisième pièce, avec rétro-projecteur et tableau blanc, est consacrée à la formation du plus grand nombre. En ce début d’après-midi, la salle de cours affiche complet. Au programme : "J’ai un e-mail. Initiation au courrier électronique". Les vingt places sont occupées par des étudiants, des chômeurs et des mères de famille. Marta, une jeune ingénieur, dirige la formation. Tout le monde est connecté sur Hotmail et essaie de créer une boîte personnelle de courrier électronique. "En ce moment, j’ai de plus en plus de femmes qui viennent suivre la formation, explique Marta. Certaines viennent par curiosité, d’autres parce qu’elles ont un enfant à l’étranger et souhaitent dialoguer avec lui sans avoir à payer des notes de téléphones faramineuses." Marta retourne à son cours : la fin de l’heure approche et plusieurs élèves n’ont toujours pas réussi à envoyer un mail...
"La Xarxa, c’est sympa"
Au premier étage, changement total d’ambiance : pas de fenêtres, du noir, encore du noir et des écrans, petits, grands, immenses. Deux salles sont consacrées aux films et cédéroms, une autre, équipée d’une dizaine de PC, permet de se connecter à Internet. Tous les ordinateurs sont occupés. On accède aux cédéroms et au Web grâce à une carte magnétique distribuée gratuitement à l’accueil. Elle autorise 20 minutes d’utilisation. Une fois ce temps écoulé, il suffit de redescendre pour en réclamer une autre. Jordi est justement dans ce cas. Sourire aux lèvres, ce lycéen de 16 ans avoue qu’il va faire un détour par l’immense cafétéria. "La Xarxa, c’est vraiment sympa. Je viens ici plusieurs fois par semaine : j’envoie des mails, je relève mon courrier et surtout, je passe le plus clair de mon temps sur les chats." On est effectivement loin de l’esprit d’entreprendre...