Dans les cabinets ministériels estoniens, on se réunit désormais autour d’ordinateurs. C’est un nouveau pas franchi vers le développement d’un "e-gouvernement" chez les Baltes.
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Le gouvernement estonien a pris possession cette semaine de ses nouveaux locaux high-tech, à Tallinn. Les dirigeants de ce petit pays balte (1,5 million d’habitants) en ont profité pour marquer un grand coup : ils ont organisé la première séance de travail "zéro papier". Au lieu d’une pile de documents sur un maroquin, les participants à cette réunion interministérielle avaient sous le nez un ordinateur de bureau, avec un écran ultra-plat LCD, et un couple clavier souris sans fil. Il y a bien eu quelques cancres pour griffonner des notes sur un carnet, concède Linnar Viik, conseiller informatique du Premier ministre. Mais globalement, les dossiers préparés sur ordinateur ont été distribués par mail, et les conclusions de la rencontre sont reparties par la même route vers la chancellerie.
"Les documents ayant fait l’objet d’un accord sous forme électronique seront également stockés sur support informatique, explique Linnar Viik. Légalement, nous sommes encore tenus de communiquer une impression papier au Premier ministre. Mais nous avons voté au printemps la loi sur la signature numérique. Dès l’année prochaine, nous pourrons l’appliquer en stockant les originaux au format électronique." Avec ce système, l’administration espère économiser trois millions de couronnes estoniennes (1,3 million de francs) par an en paperasse. Une bonne opération : le système d’information a coûté moins de 2,5 millions de couronnes (1 million de francs) et les développements logiciels ont été majoritairement réalisés par de petites sociétés locales.
28 % d’internautes
Le même dynamisme guide la politique gouvernementale en matière d’Internet. L’Estonie consacre au Web 1 % de son budget, soit 200 millions de couronnes (82 millions de francs). Les pouvoirs publics ont ainsi lancé en 1995 une initiative pour l’informatisation des écoles et toutes, du primaire à l’université, sont depuis cette année connectées à Internet. "Les résultats sont là, se réjouit Linnar Viik. Les Estoniens savent utiliser les nouvelles technologies." Sorti il y a seulement huit ans de l’emprise soviétique, le pays affiche en effet le chiffre étonnant de 28 % d’internautes.
Il faut dire que l’Estonie a aussi bénéficié de la proximité des voisins suédois et finlandais, dont les entreprises ont investi en masse dans le territoire au moment des privatisations. Linnar Viik l’affirme :"Notre infrastructure de télécommunications fixe et mobile est encore plus moderne que chez eux. Ces sociétés ont testé leurs technologies ici au début des années 1990, alors que tout était à créer. L’Estonie est si petite, avec ses 42 000 km2, que c’est un laboratoire idéal. En dix ans, on peut refaire tout le réseau."
Vers le e-gouvernement
Cette année, pour la première fois, on peut déclarer ses revenus sur le Web du ministère des finances. Le résultat a dépassé toutes les prévisions du gouvernement :"On a eu 50 000 déclarations en ligne ! Les gens sont séduits, parce qu’il est extrêmement facile de remplir les formulaires électroniques, par rapport au papier. Et puis ils utilisent déjà Internet pour les services bancaires, entre autres."
La déclaration en ligne et les séances ministérielles informatisées ne sont que quelques facettes d’un projet plus vaste visant à créer un "e-gouvernement" en Estonie d’ici 2003. "Nous voulons faire évoluer le système de prise de décision afin de le rendre plus efficace et plus transparent pour tout le pays, insiste Linnar Viik. La position budgétaire du pays est déjà consultable sur le site du gouvernement. Elle est réactualisée chaque jour. "
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Le site du Ministère des finances estonien:
http://www.fin.ee