Lors de la présentation de son bilan pour l’année 2000, l’Agence française de l’innovation a annoncé qu’elle proposait désormais, outre des avances remboursables, des financements en échange de bons de souscription d’actions.
L’Anvar, l’agence française de l’innovation, a pour mission de soutenir l’innovation au sein des entreprises, principalement par le biais d’avances remboursables en cas de succès, mais également à l’aide de subventions (par exemple pour des projets très en amont qui n’ont pas encore abouti à une création d’entreprise). Mardi 3 avril, l’Anvar a présenté son bilan pour l’année 2000 et ses objectifs pour 2001. L’année dernière, elle a apporté son soutien à 3 240 projets pour un montant total de 217,2 millions d’euros, soit près d’un milliard et demi de francs. En 2001, le budget prévisionnel de l’Anvar est en légère hausse (+3 %) à 224,8 millions d’euros.
Cap maintenu sur les services innovants
En 2000, en plein boom de la netéconomie, l’Anvar avait mis l’accent sur son soutien en matière d’innovations de services, afin de se présenter comme un interlocuteur essentiel pour les start-ups. Cent vingt projets de services innovants ont ainsi été financés pour un total de 15,6 millions d’euros (102,3 millions de francs), soit 7,2 % du total des aides accordées par l’Anvar. "Nous sommes plutôt en avance sur notre calendrier, puisque nous avons pour objectif d’y consacrer 10 à 15 % de nos ressources d’ici 2003", estime Philippe Jurgensen, président-directeur général de l’Anvar. Les ratés de la nouvelle économie risquent-ils de freiner cet effort ? "Moins de candidats se pressent au portillon pour nos aides sur ce créneau, mais ce sont souvent des projets plus élaborés", explique Philippe Jurgensen. Cet effort à destination de l’innovation de service ne sera donc pas abandonné et est d’ailleurs réaffirmé dans le contrat quadriennal conclu en décembre 2000 entre l’Anvar et ses autorités de tutelle (le ministère de la Recherche et le ministère de l’...conomie et des Finances).
Vers un rating technologique
L’Anvar est également chargé d’octroyer un label aux entreprises innovantes qui souhaitent accueillir dans leur capital les fonds communs de placement dans l’innovation (FCPI). Par cette activité, l’Anvar a acquis une expertise en matière d’audit et de cotation du potentiel technologique des entreprises innovantes. "Nous avons mis au point une méthode d’évaluation très poussée, basée sur 125 critères que nous pondérons en fonction de l’importance qu’ils revêtent pour chaque projet et du degré de fiabilité que lui attribue l’auditeur", détaille Philippe Jurgensen. Si, pour l’instant, ce savoir-faire n’est pas exploité commercialement, c’est néanmoins dans cette voie que s’oriente l’Anvar. "Il n’est pas évident de vendre une prestation que nous proposions gratuitement auparavant, même en expliquant que nous l’avons considérablement améliorée", juge Philippe Jurgensen.
Bons de souscription d’actions
Le pas en avant le plus marquant reste sans conteste la mise en place d’un dispositif de financement de l’innovation en échange de bons de souscription d’actions (BSA). Des BSA, et non des actions, en raison de l’opposition catégorique des autorités de tutelles. "Elles craignent d’être accusées de nationaliser sans le dire et ne veulent pas courir le risque d’être appelées en comblement de passif en cas de défaillance des entreprises soutenues", explique Thomas Defaye, recruté par l’Anvar voici deux ans pour élaborer le dispositif entré en vigueur le 12 janvier 2001. "Nous ciblons les entreprises technologiques à fort potentiel de croissance susceptibles d’entrer en Bourse ou de se revendre à un groupe industriel, afin que nous puissions sortir de leur capital", précise Thomas Defaye. Les sommes récupérées à l’occasion de la vente de ces participations serviront à financer les aides diverses (et pas seulement celles en échange de BSA) que propose l’Anvar. Avec les plus-values escomptées, l’Anvar pourrait accroître ses ressources propres et diminuer sa dépendance vis-à-vis des dotations budgétaires (121,2 millions d’euros en 2001, soit plus de la moitié de son budget total) que lui allouent ses autorités de tutelle. Mais ces projections sont sans doute prématurées : seule une dizaine de dossiers seraient pour l’instant bouclés ou sur le point de l’être.
L’Agence française de l’innovation:
http://www.anvar.fr