Cyber guerre… L’Allemagne a failli partir en cyber guerre contre les sites nazis. Mais comme tout le monde a dit à nos voisins de ne pas céder au cyber-délire, les autorités se sont rabattues sur les échanges de MP3 nazis…
C’est où la Marne dans le cyber-espace ? Elle est où la e-ligne Maginot ? Visiblement, Otto Schilly, le ministre allemand de l’Intérieur ne s’était posé aucune question lorsqu’il a annoncé que son gouvernement allait peut-être avoir recours à la cyber-guerre pour faire taire les sites nazis situés à l’étranger. Comme la plupart d’entre eux sont hébergés aux ...tats-Unis, cette annonce n’est pas passée inaperçue. Le ministre de l’Intérieur allemand souhaitait purement et simplement lancer des attaques de type Denial of Service (on sature un serveur à coup de millions de requêtes) contre les sites incriminés. Traduisons cela en français : un membre du gouvernement allemand explique tranquillement que son pays va peut-être mettre en péril les infrastructures techniques d’entreprises privées américaines. Quelques jours plus tard, vu le tollé général, Otto Schilly s’est rétracté. Ouf ! La cyber guerre du Net n’aura pas (encore) lieu. Pour se consoler, le gouvernement a fait procéder à une centaine d’arrestations de personnes s’échangeant des chansons nazies au format MP3. Nul ne sait comment les autorités ont pu établir que ces personnes, disséminées dans tout le pays, utilisaient ce genre précis de fichiers. Ont-elles procédé à des écoutes à grande échelle ? Mystère. De même, la presse allemande se demande pour quel motif seront poursuivis les suspects.
Cyberguerre ta mère !
Le ministre allemand n’est pas le premier à se lancer sur ce terrain glissant de la cyber-guerre. La National Command Authority américaine avait récemment chargé le US Space Command de doter le pays des moyens de lancer une vaste cyber contre-attaque. Ceci passant par des outils de Denials of service, la distribution gratuite et massive de virus, de chevaux de Troie ou encore par des moyens qui permettraient de pourrir les communications électroniques des ennemis avec des interférences électromagnétiques. Pour se justifier, les autorités américaines répètent à loisir que la Chine ou encore la France, se sont dotées des capacités nécessaires pour mener un cyber-conflit... Il faut donc des crédits pour les programmes permettant de se protéger contre ces attaques. Une chose, au moins, semble avoir échapper aux hommes politiques ou aux agents plus ou moins spéciaux qui parlent de déclencher une cyber guerre : s’ils le font, ils sont morts.
Non pas, comme le croient certains, parce que tous les pays s’affronteraient dans une cyber-escalade atroce. Mais simplement parce que Internet est un réseau de réseaux. L’interconnexion massive des câbles fait que, si l’on ralentit ce que l’on pourrait trivialement appeler la bande passante d’un pays, on va ralentir sa propre bande passante. Sans compter la somme de paquets IP qui vont passer sur la bande passante de l’attaquant. Oublions cela. Passons aux virus… Comment le Space Command compte-t-il se protéger contre le retour immédiat (trois jours au plus) sur les machines américaines des virus lancés vers l’étranger ? Nous avions posé la question au US Space Command en son temps : "Nous étudions actuellement avec attention les conséquences possibles d’une telle attaque, les risques collatéraux, et les réponses. Quelle que soit l’option retenue nous ferons en sorte que nos actions soient compatibles avec les lois de la guerre. " Texto…
Mais il y a pire. Tandis que les services allemands ou américains lanceraient leurs attaques de déni de service, les vilains pirates qui les effrayent tant s’en donneraient à cœur joie. Car, dans le fatras des milliards de paquets IP tordus qui circuleraient, qui irait dénicher ceux des superhackers ? Combien de machines seraient alors piratées ? Des milliers sans doute. Très mauvais pour le e-business. Un risque que les gouvernements ne peuvent pas prendre. N’est-ce pas ?
L’arlésienne
Arrêter des centrales électriques, couper la distribution d’eau, noyer les réseaux des banques d’un pays, les grandes puissances n’en ont pas encore les moyens. Si la Chine maîtrise vraiment ces technologies, comme l’affirment régulièrement les ...tats-Unis, elle a visiblement choisi de ne pas les utiliser durant les récentes tensions entre les deux pays. Mais que dire des Américains, pourtant très en pointe dans tous ces domaines (merci la NSA), qui n’ont pas été en mesure de lancer une attaque informatique contre l’Irak pendant le conflit du Golfe ? De même, lors des récentes guerres en Yougoslavie, la cyber guerre ne s’est pas illustrée… Ne parlons même pas de la prétendue précision chirurgicale des armes employées et de leur taux de réussite. Alors où est cette cyber-puissance ? Plutôt sous les claviers de quelques informaticiens disséminés autour de la planète. La crème des hackers. Mais aucun risque qu’ils brûlent le réseau. Ils n’auraient alors plus de terrain de jeu.