Plus de 1 500 informaticiens étrangers ont déjà reçu leurs cartes de travail sur les 20 000 "green cards" proposées par Berlin. Pour favoriser l’accueil de ces immigrés, les sociétés informatiques allemandes souhaitent renforcer la lutte contre les néo-nazis.
"Il serait aventureux de renoncer aux connaissances de scientifiques hautement qualifiés (...) Les Allemands commencent à prendre conscience qu’ils ont trop longtemps trempé dans leur jus et que cela pouvait être dangereux", expliquait en termes crus le chancelier Gerhard Schröder, il y a quelques jours. À la mi-septembre, l’Allemagne a établi un premier bilan de la procédure d’attribution de 20 000 permis de travail destinés à des informaticiens étrangers extérieurs à l’Union européenne. Plus de 1 500 personnes ont déjà reçu leur "green card" en version allemande, sur près de 10 000 candidatures en cours de traitement.
250 000 informaticiens demandés d’ici à 2005
Les candidats sont jeunes (56 % d’entre eux ont moins de 30 ans) et viennent majoritairement d’Europe de l’Est (46 %) ou d’Asie (30 %). Seuls 11 % d’entre eux sont des candidates. L’Agence fédérale pour l’emploi enregistre en moyenne 130 nouvelles demandes par jour. La carte est valable cinq ans. Pour l’obtenir, il faut disposer tout de même d’un diplôme universitaire et d’une promesse d’embauche pour un salaire d’au moins 335 000 francs par an. Selon le ministre du Travail, Walter Riester, l’Allemagne pourrait avoir besoin de 250 000 informaticiens et spécialistes des technologies de l’information d’ici à 2005. Gerhard Shröder a d’ailleurs annoncé le 17 septembre son intention d’étendre le principe de la green card aux étudiants étrangers. Ces derniers reçoivent actuellement un titre de séjour pour la durée de leurs études, mais doivent ensuite quitter le pays. Les dispositions envisagées pourraient leur permettre de travailler dès leurs années de fac. Selon le chancelier, le principe serait applicable à d’autres domaines que l’informatique, car le pays manque également de physiciens, de mathématiciens et de biologistes.
Lutte contre l’extrême droite
Pour attirer des compétences étrangères, l’Allemagne devra néanmoins se débarrasser de sa réputation de piètre terre d’accueil. Dans une lettre ouverte transmise le 15 septembre au chancelier Shröder, près de 300 sociétés informatiques installées en Allemagne ont ainsi demandé au gouvernement d’intensifier la lutte contre l’extrême droite. "Les problèmes sociaux créés par des incidents perpétrés par l’extrême droite rendent difficile l’intégration des spécialistes étrangers", peut-on lire dans cette lettre. Au cours des dix dernières années, 93 étrangers ont trouvé la mort au cours d’agressions racistes en Allemagne. Selon Peter Gottal, qui suit le dossier "green card" chez Siemens, "aucune relation concrète entre la polémique sur l’extrême droite et le niveau de demandes d’embauches provenant de l’étranger" n’a été constatée au sein de l’entreprise. Pour ce responsable, l’idée de la lettre ouverte est cependant "d’agir préventivement, en signalant au gouvernement qu’une détérioration de la situation pourrait être néfaste pour l’image de l’Allemagne et pour son économie".
Le site du gouvernement allemand:
http://www.bundesregierung.de
La page internationale de l’Agence fédérale pour l’emploi:
http://www.arbeitsamt.de/hst/intern...
Le site du Bitkom, la fédération des entreprises de télécommunications et des technologies de l’information:
http://www.bitkom.de