Ex-espionne, aujourd’hui cofondatrice d’une start-up liée au MIT, cette Slovaque installée à Beverly Hills veut truffer de nouvelles technologies les accessoires de mode.
James Bond girl du XXIe siècle, Lara Croft en chair et en os, ambassadrice des cyborgs dans le monde de la mode. N’en jetez plus ! Tapez Katrina Barillova sur un moteur de recherche, et vous verrez qu’en deux ans, les périphrases les plus audacieuses ont été utilisées à propos de la cofondatrice de Charmed Technologies, une excroissance ("
spin off") du prestigieux MIT Medialab, créée en mai 1999 avec Alex Lightman, ancien directeur marketing de Reuters et d’IntelliCorp.
Le poisson, ça rend intelligent
Née à Poprad, en Slovaquie, Katrina Barillova, 27 ans, vole de Sydney à Pékin, de Londres à Singapour et de Los Angeles à Hong-Kong pour célébrer le mariage de l’Internet sans fil et de la mode. Partout, elle déroule son cyberdéfilé de mode, le Brave New Unwired World Show, annonçant la fin du PC et du téléphone mobile, et l’avènement du wareable Net, l’Internet portable, au plus près de la peau. Sponsorisé par Microsoft, ledit show était le clou d’Internet World France, le 28 novembre au Cnit de La Défense, à Paris. À sa descente du podium, après un défilé devant un parterre de commerciaux informatiques muets, Katrina Barillova livre quelques bribes sur son parcours. En trois phrases, cette tête bien faite raconte qu’à 10 ans, son QI de 142 lui vaut d’être sélectionnée par un gouvernement qui est encore tchécoslovaque pour un programme d’études scientifiques. Quatre ans plus tard, elle rejoint une école de formation à l’espionnage. "Heureusement, la révolution est arrivée, j’ai pu partir", explique-t-elle. Katrina atterrit aux ...tats-Unis avec 20 dollars en poche. Elle ne parle pas l’anglais, trouve donc des jobs muets. "J’ai rempli les sacs dans les supermarchés. J’ai même vidé des poissons", dit-elle en faisant la moue.
Garde du corps, mannequin...
Très vite, elle traduit son CV d’apprentie Mata-Hari. Et rejoint Nastec, une firme où elle assure la sécurité d’éminences moyen-orientales et de grands patrons, puis tâte du renseignement technologique. Elle découvre Internet, utilise comme couverture le métier de mannequin, fraye avec des personnalités. Elle rencontre alors Alex Lightman, ancien élève du MIT, également chroniqueur à Red Herring. "Je m’amusais déjà à cacher des mini-caméras dans mes vêtements. J’ai pensé qu’on pouvait offrir ça à tout le monde. En allant de l’avant, nos habits deviendront technologiques." Le tandem crée Charmed Technologies en mai 1999, avec Thad Starner, "un des premiers cyborgs, qui n’utilise plus d’ordinateur fixe depuis 1993", et Sandy Pentland, spécialiste du human design et directeur d’études au Medialab du MIT. Le courtier online Charles Schwab, les fondateurs de Net2phone ou de Picture Visions amènent quelque 6 millions de dollars. Charmed compte aujourd’hui une soixantaine de salariés, dont une trentaine basés à Poprad, la ville natale de Katrina, qui veut y "créer une université". Fort de licences négociées avec le Medialab, Charmed a lancé deux produits : un badge de conférence, qui permet d’échanger les cartes de visites électroniques, et Charm-it, un navigateur web mobile sans fil, qui se porte à la ceinture, vendu 2 000 dollars et lancé il y a trois mois.
Fourre-tout techno
Pour l’heure, le sponsoring reste la principale ressource de la société. Le défilé démarre par une présentation de produits utilisant des solutions Microsoft avant de proposer un incroyable fourre-tout techno : bracelet ou bagues-souris, lunettes et monocles de visualisation miniatures... Toujours lookés comme des figurants de Star Trek, les mannequins de Charmed exhibent des antennes-lecteurs de MP3 portés à l’oreille, des écouteurs cellulaires discrets, un life shirt doté de capteurs transmettant la respiration et les battements du cœur, un badge émettant des odeurs liées à l’optimisme ou à l’enthousiasme... Derrière Nanix, "un système d’exploitation basé sur Linux et optimisé pour les accès miniatures à l’Internet mobile", Katrina Barillova annonce pour l’an prochain le lancement d’une ligne de "vêtements intelligents", dont certains seront capables de renifler la pollution de l’air. Elle cherche actuellement des designers.