Au Royaume-Uni, la chasse aux délinquants sexuels s’organise sur le Net au grand dam des services de police. Créé par un citoyen écossais, un site web annonce la prochaine mise en ligne d’une liste d’agresseurs avec en prime : leurs noms, adresses et photos... Effrayant.
Voilà deux jours que Stuart Carnie nargue les services de police. Et la situation ne risque pas de s’améliorer. Cet ...cossais de 37 ans résidant à Aberdeen, est en effet bien décidé à apporter sa contribution à la lutte contre les abus d’enfants. Justicier acharné, ce détective privé, père de cinq enfants ne recule devant rien. Il avoue sans gêne filmer régulièrement dans son quartier les gens qu’il soupçonne de près ou de loin d’agression sur enfants. ...galement créateur d’une association "Caring for children" qui regroupe, à ses dires, "des milliers de volontaires, familles ou particuliers", l’homme vient de mettre en ligne un site web sur lequel il appelle à lui toute les bonnes volontés.
Liste d’agresseurs en ligne
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Nous demandons à tous les parents dont l’enfant a été victime d’abus de nous envoyer les coordonnées de l’agresseur afin que l’information soit visible de tous sur notre site", explique Stuart Carnie. Très remonté contre un gouvernement "
laxiste" qui "
s’obstine à ne pas prendre en compte la douleur des familles", il affirme d’ors et déjà avoir établi une liste comportant les adresses d’une centaine d’agresseurs condamnés pour des abus sur mineurs. "
Je la mettrais en ligne dans quelques jours, le temps de vérifier toutes les informations." La prophétie a immédiatement fait frémir les services de police. "
Nous ne pouvons rien faire contre l’existence de ce site, malheureusement. Par contre nous avons fait des déclarations à la presse pour tenter de calmer l’opinion publique", soupire Jen Lewrenson, la porte-parole de la police de Grampian. Les autorités redoutent en effet les conséquences de cette initiative privée. Déjà il y a quelques mois le tabloïd News of the World avait semé la panique Outre-Manche, en publiant les photos, noms et adresses de centaines d’agresseurs. D’autres publications avaient d’ailleurs suivi le même exemple entraînant des actes de violences contre des agresseurs présumés... ou non. La campagne appelée "
Name and shame" ("
nommer et couvrir de honte") revendiquait l’accès des familles aux fichiers de police des délinquants sexuels. Une demande que le gouvernement britannique avait, fort heureusement, repoussé tout en renonçant cependant à poursuivre le journal.
Psychose collective
Avec son site, Stuart Carnie pourrait bien relancer une psychose collective facile à alimenter. Et qu’importe si son site viole le droit à la vie privée de délinquants qui ont déjà purgé leurs peines, pour le militant : "Ces gens-là n’ont pas droit à une vie privée. Ils risquent de récidiver. Les familles par contre ont le droit de savoir si elles vivent à côté d’un agresseur potentiel." Pallier les inévitables défaillances de la société par une justice privée en ligne et l’appel à la délation, la pratique a de quoi inquiéter.