NetRating a annoncé la semaine dernière le rachat de Jupiter Media Metrix. Bernard Ochs, cofondateur de NetValue, autre acteur du marché de la mesure d’audience sur Internet, réagit à ce mouvement de concentration.
Jeudi 25 octobre, le petit NetRatings a annoncé le rachat du gros Jupiter Media Metrix, leader dans la mesure d’audience sur Internet. Pour l’exercice 2000, le chiffre d’affaires de l’acquéreur (20,4 millions de dollars) était sept fois inférieur à celui de sa proie (142,8 millions de dollars). La transaction est évaluée à 71,2 millions de dollars (518 millions de francs), dont 30 % à 50 % seront payés en liquide, le reste étant financé par échange d’actions. Simultanément, mais dans une opération distincte, NetRatings rachète à ACNielsen (propriétaire, conjointement avec Nielsen Media Research, de NetRatings) sa participation dans ACNielsen eRatings.com, par le biais d’une émission d’actions pour un montant de 16,4 millions de dollars (119 millions de francs). Ces deux transactions bouleversent la physionomie du marché de la mesure d’audience sur Internet. Bernard Ochs, cofondateur du concurrent NetValue, réagit à cette nouvelle donne.
Comment jugez-vous le rachat de Jupiter Media Metrix par NetRatings ?
Selon moi, le rachat par NetRatings signifie, à terme, que Jupiter Media Metrix va mourir. Malgré son chiffre d’affaires [142 millions de dollars pour l’exercice clos le 31 décembre 2000, NDLR] et sa part de marché lui conférant la place de numéro un du secteur, Media Metrix était à cours de liquidités. En se vendant, ils obtiennent un crédit de 25 millions de dollars qui leur permettra de tenir le temps que la fusion devienne effective. Mais NetRatings a annoncé qu’une technologie unique serait retenue pour le nouvel ensemble, que les panels seraient fusionnés et que la marque Jupiter Media Metrix disparaîtrait au profit de NetRatings. En outre, près de 50 millions de dollars sont prévus pour les frais de restructuration, ce qui laisse présager de nombreux licenciements. Enfin, les dirigeants de Jupiter Media Metrix n’ont obtenu qu’un seul siège au conseil d’administration. On peut habiller ça comme on veut, ils se sont fait massacrer.
Quelles sont les conséquences de cette opération pour le secteur de la mesure d’audience sur Internet, et pour NetValue en particulier ?
De trois acteurs, nous passons à deux. Pour nous, c’est une bonne chose, car les faits ont montré que le marché ne suffisait pas à faire vivre trois acteurs. De l’autre côté, beaucoup d’interlocuteurs dans le milieu des médias ne souhaitent pas qu’on en arrive à un acteur unique. Nous avons donc notre carte à jouer. Dans l’immédiat, nous conservons notre position de numéro deux du secteur. Mais si nous pouvons profiter de la période de chamboulement liée à la fusion pour prendre des parts de marché, nous n’hésiterons pas. Les clients de Jupiter Media Metrix ou de NetRatings contraints de changer de technologie suite à la fusion sont pour nous de bons prospects.
Envisagez-vous des rapprochements pour NetValue ?
Nous n’éprouvons pas le besoin impératif de nous rapprocher, on peut très bien vivre en étant numéro deux. Nous avons déjà fortement réduit notre structure de coût, ce qui nous a donné un an de trésorerie supplémentaire pour pouvoir traverser la crise. Néanmoins, nous regardons du côté de sociétés qui proposent d’autres services aux entreprises, en privilégiant des logiques de partenariat plutôt que de rachat.