Le site du Premier ministre français présentait jusqu’à ce week-end un défaut de sécurité important. Alerté par un internaute, le webmaster a réparé dans la matinée du 9 avril 2001. Les autres sites gouvernementaux ne remontent pas forcément le niveau...
 Peggy Pierrot |
Citoyens, rassurez-vous, le gouvernement reste sur le pont le week-end. Alerté dimanche 8 avril par un internaute, le responsable du site Premier-ministre.gouv.fr a rapidement appliqué, lundi matin, un correctif. Il était temps. Le serveur offrait à n’importe quel internaute le loisir d’afficher dans son navigateur l’identifiant et le mot de passe (lien sur image) permettant de se connecter à la base de données liée au site. Cela ne fait pas très sérieux lorsque l’on sait que le bug permettant ce tour de passe-passe a été découvert il y a un an. Le site du Premier ministre avait bien été entièrement revu il y a quelques mois. Mais la société Immedia, responsable des évolutions graphiques et techniques du site et lauréate des derniers Clics d’Or, a visiblement un problème avec ce bug : on le retrouve sur son site et... bien entendu, sur celui qui a reçu le prix du e-commerce.
Cour des comptes transparente
 |
Cliquez
sur l’image pour voir la capture d’écran
|
Un rapide tour d’horizon à la recherche de bugs classiques sur les sites gouvernementaux n’est guère plus rassurant. Depuis le site du Premier ministre, le visiteur est fermement invité à soutenir la candidature de Paris aux Jeux olympiques de 2008. Quelle que soit son opinion sur le sujet, il est amusant de noter que les internautes avertis s’échangent depuis quelques semaines une information plaisante à propos de ce site. Le site est vulnérable au bug Unicode. L’administrateur a été prévenu, mais ne fait rien. Ce qui permet de penser que le jour où
Paris2008.fr sera vraiment sous les feux des projecteurs, il sera sûrement hacké. Car il faut à peu près trois minutes pour effacer, modifier ou lire le contenu du serveur... Paris2008.fr est sous la responsabilité du comité de candidature de la ville de Paris aux JO, une structure publique.
Plus institutionnel, le site de la Cour des comptes présente le même défaut que celui du Premier ministre. Il est très simple de visionner dans un navigateur les identifiants et les mots de passe nécessaires à une connexion aux bases de données du site. Ici, les administrateurs ont fait preuve d’une grande imagination pour les mots de passe puisqu’ils ont laissé ceux spécifiés par défaut (deux lettres). Comme cela avait été le cas pour le site de Davos. On se demande où passe l’argent du budget Internet de la Cour des comptes...
Le même bug affecte, avec des conséquences a priori moins importantes, les sites ministériels des Affaires étrangères et de l’Agriculture et le serveur qui permet de consulter les appels d’offres pour les marchés publics de travaux.
Lenteurs administratives
 |
Cliquez
sur l’image pour voir la capture d’écran
|
Dans un autre genre, on trouve une très vieille faille concernant les serveurs Netscape sur les sites des ministères de l’...conomie solidaire, de la Santé ou de la Ville. Ce bug permet d’afficher le contenu du site sous la forme d’une arborescence. Et donc, de faire apparaître des répertoires normalement inaccessibles. Reste enfin les sites sous Lotus-Domino : ils affichent, bien entendu, tout leur contenu sur simple demande, comme le login et le mot de passe pour accéder à la base de données.
Transfert.net qui a contacté à deux reprises le cabinet du Premier ministre pour communiquer les noms des serveurs présentant ces failles a finalement été rappelé en fin de journée. Il semble que le gouvernement soit un peu lent à bouger sur ces problèmes. Début 1999, l’équipe de Kitetoa.com avait connu toutes les difficultés du monde à joindre un responsable intéressé par une liste des serveurs gouvernementaux en mauvais état. Lorsqu’une démonstration avait pu être organisée au sein de la Mission interministérielle de soutien technique pour le développement des TIC dans l’administration, le responsable de la rédaction des référentiels de sécurité avait lancé : "vous savez, ici, c’est difficile de faire bouger les choses. On va les prévenir, mais..." Et effectivement, le site du ministère de la Santé montre toujours, deux ans plus tard, ses dessous...
Mission interministérielle de soutien technique pour le développement des TIC dans l’administration:
http://www.mtic.pm.gouv.fr/
Kitetoa au chevet du gouvernement:
http://www.kitetoa.com/Pages/Textes...