Le Tribunal de grande instance de Paris a condamné en référé le 17 janvier dernier la société Ccmb Kilikopela à verser un euro de dommages-intérêts à Jean-Marie Le Pen, le président du Front National.
Le Pen dans l’ancienne version du jeu
[DR]
Editeur du site www.uzinagaz.com, Kilikopela était mis en cause conjointement avec les hébergeurs Tiscali et Bewest pour contenu illicite et atteinte au droit à l’image. Objet de la plainte : le jeu "Lancer la hache" dans lequel les internautes pouvaient exécuter un Le Pen attaché à une planche.
Un autre site, jeuxflash.net, qui proposait le même divertissement, avait été rendu inacessible, avant même l’audience, par Bewest.
Un jeu défoulatoire
Créé et distribué par Kilikopela et toujours en ligne sur www.uzinagaz.com, le jeu de la hache ne propose plus de s’amuser avec Le Pen. On trouve en revanche un panel de cibles comprenant Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, Ariel Sharon, Yasser Arafat ou Jean Chrétien, le Premier ministre canadien. "C’est un jeu défoulatoire, pas vraiment méchant. Notre site s’adresse aux ados. C’est un peu potache et pas toujours politiquement correct", plaide Jean-Christophe Calvet, le directeur de Kilikopela.
Dans le cas de Jean-Marie Le Pen, Kilikopela, distributeur du jeu, reconnait cependant une "petite subtilité" : au lieu d’une simple croix, le viseur était représenté par une croix gammée... Surtout, l’éditeur du site jeuxflash.net, un adolescent de 17 ans, avait assorti la chose du commentaire suivant : "Lancez une hache sur Le Pen. Si comme moi, vous avez envie de tuer ce connard de Jean-Marie Le Pen, alors ce jeu est fait pour vous. Donnez-vous en à cœur joie et faites-le souffrir, cette ordure !!!!" Sur la même page, un lien renvoyait également sur www.uzinagaz.com.
Imprudence
Lors de l’audience du 17 janvier, le juge des référés a constaté que le site jeuxflash.net avait été rendu inacessible et estimé que les hébergeurs Bewest et Tiscali, prestataire d’Uzinagaz.com, avaient rempli leurs obligations liées à la loi du 1er août 2000. Uzinagaz.com ayant, de son côté, retiré le leader d’extrême droite de son jeu, le tribunal a jugé sans objet la demande de retrait de Le Pen, qui exigeait une astreinte de 1500 euros par jour de retard. Le juge a néanmoins condamné Kilikopela à verser un euro symbolique et à rembourser les frais de justice au président du Front national.
"Nous sommes très fiers d’avoir été attaqués par Le Pen. Mais en tant que petit site, nous avons commis une imprudence, explique Jean-Christophe Calvet. Nous n’avons pas les moyens de nous défendre contre monsieur Le Pen et un peu plus, nous mettions la clé sous la porte."