Philippe Quéau est aujourd’hui directeur de la division Société de l’information à l’Unesco. Il a été aussi l’un des pionniers du virtuel en France, notamment en créant, dès 1982, le salon Imagina.
Transfert |
Quand et comment avez-vous découvert Internet ?
En 1991, en parlant avec des chercheurs de l’INRIA.
Pourquoi vous êtes-vous impliqué dans Internet ? Quel a été le déclic ?
J’étais passionné depuis longtemps déjà de "mondes virtuels" et d’images de synthèse. Pour moi, Internet était le monde virtuel par excellence, et à l’échelle planétaire. J’ai organisé une première rencontre sur Internet à Imagina et le succès a été immédiat.
Quand avez-vous compris que cela allait vraiment décoller en France ?
Quand on a commencé à parler à l’université de la communication à Hourtin : cela voulait dire que le petit monde qui fait et défait les réputations avait enfin compris que quelque chose se passait...
Comment avez-vous vécu la période automne 1999-printemps 2000 ? Que faisiez-vous ?
Il me paraissait vraiment évident que la surenchère était "folle". J’ai continué de développer normalement mes activités à l’UNESCO en matière de portails.
Comment analysez-vous aujourd’hui cette frénésie de huit mois ?
Crise classique de croissance juvénile. La même chose a eu lieu lors du boom des chemins de fer. La correction a été sévère, mais finalement très saine.
Quel a été, selon vous, le signal de la chute des dotcoms ?
Les hoquets du Nasdaq évidemment.
Que faites-vous aujourd’hui ?
Je lance les bases de plusieurs "portails" Internet dans les domaines d’activité de l’UNESCO (éducation, science, culture, bibliothèques, archives, éthique de la société de l’information).
Croyez-vous toujours autant à Internet ?
Bien sûr. Internet est une idée essentielle, qui va désormais accompagner l’humanité, quelle que soit la forme technique qui sera prise ultérieurement, naturellement de manière évolutive.
Croyez-vous au commerce en ligne ? Croyez-vous à l’avenir du Web non marchand ?
Je crois à la coexistence (qu’il faudra réguler attentivement) des deux formes de Web, marchande et non marchande.
Comment voyez-vous les années à venir ?
Développement plus serein, mais irrésistible, spécialement si le pouvoir politique (national et international) a la sagesse de prendre des mesures pour inclure plus d’usagers actuellement exclus (je pense aux PVD) et s’il favorise plus d’applications d’intérêt "public" (éducation, musées, bibliothèques, e-gouvernance, archives).
Croyez-vous toujours dans ce qu’on a appelé la netéconomie ?
Oui. C’est une nouvelle manière de régler certains types d’échanges entre les hommes. Mais presque tout reste à faire. Notamment au plan juridique, fiscal, politique, régulatoire – à l’échelle nationale et mondiale.
Quelles vont être, selon vous, les futures grandes échéances et que vont-elles apporter ?
La prochaine grande échéance est le Sommet mondial sur la société de l’information, à Genève en 2003. Il faut mobiliser toute la planète Net et la "société civile mondiale" (qui reste à inventer) pour en faire les premières Assises mondiales de la Noosphère.