J’ai installé Linux... quelle aventure !
Ça m’a pris un matin, l’idée m’est venue avec la tenue de la Linux Expo qui a ouvert, au CNIT, le 31 janvier. Pour la quatrième fois, j’ai voulu installer Linux. Dur, dur...
 © P.P./Transfert |
"
Si tu fais cet article, tu seras maudit, banni d’Internet, ton disque dur s’autodétruira et en plus, ton nom sera la risée de tous les hackers de la planète. On ne dira plus Champagne, mais clown Champagne !" Me voilà prévenu. Tout le monde me l’a dit : "
Linux c’est un truc comme la religion hardcore. T’es Mac, t’es Windows ou t’es Linux comme t’es fondamentaliste, intégriste. Bref, si tu dis du mal, tu vas déclencher une fatwa façon Salman Rushdie !" J’anticipe déjà les mails dans le forum lié à ce papier... La peur me ronge, la honte aussi. C’est un sale job, mais il faut bien que quelqu’un le fasse. Linux, ce n’est pas gratuit, c’est dur à installer et à utiliser ! Voilà, c’est dit. Pour les
flames (les polémiques sans fin) merci de
m’écrire.
Pourquoi me lancer dans cette aventure qui ne peut m’attirer, comme on l’a vu que l’opprobre ? Parce que pour la quatrième fois de ma vie, j’ai voulu installer le système d’exploitation Linux. Et même s’il tourne maintenant sur mon portable, cela n’a pas été aussi simple que prévu. Je ne suis ni un novice, ni un méga-hacker. Encore moins un informaticien. Juste un utilisateur éclairé. Pourquoi donc vouloir installer Linux ? Pour les mille et une raisons que l’on connaît dès lors que l’on a lu un papier sur ce système d’exploitation alternatif à Windows, Mac OS ou Be. Linux c’est gratuit. Linux, c’est le résultat d’un travail en collaboration entre des centaines de hackers. Et cette communauté est là pour vous aider à tout instant. Elle corrige les bugs plus vite que son nombre. Linux c’est à la mode, même Voilà.fr tourne sous Linux, c’est dire. Linux, maintenant, c’est facile à utiliser en mode graphique (Gnome ou KDE) et en plus, tu sais ce que tu fais, c’est une vraie porte ouverte sur le moteur de ton PC, etc.
Le choix de distrib’
Je ne sais pas pourquoi, mais mon petit doigt me dit que la première flame va naître des lignes qui suivent. Pour installer un Linux, il faut choisir sa "distribution". Encore un truc religieux.
Linux, c’est gratuit si tu le télécharges sur le Web. Beaucoup trop de mégas pour moi. Je vais donc acheter un CD-Rom. Et comme je suis un inculte en Linux, que je ne sais pas taper deux lignes de commandes sans m’emmêler le clavier, même sous DOS, je vais choisir un CD-Rom qui m’aide dans l’installation. Comme un bon vieux Windows. Avec des écrans interactifs. En langage Linux, on appelle ce CD-Rom une distribution. Je penche pour la Red Hat. Là encore. Certains opteront pour une Suse, d’autre pour une Mandrake, que sais-je encore. Première déconvenue, ma Red Hat 7.0 me coûte un peu plus de 500 francs. Le Pingouin (la mascotte de Linux) est donc loin d’être gratuit.
Prudent, je me propose de formater mon disque dur, histoire de partir sur une base totalement saine. Je prépare donc deux partitions, une pour mon système Linux et une autre pour Windows (il faut bien continuer à faire certains trucs avec ça, désolé pour les puristes). Vous êtes paumés ? Vous ne savez pas partionner votre disque dur ? Ah... Ne vous inquiétez pas, la Red Hat va faire ça pour vous avec une interface WYSIWYG (what you see is what you get). Mais prudence, rien ne dit que le contenu de votre disque sous Windows sera conservé. Normalement ça marche, mais on ne sait jamais avec les aléas de la technologie, ça peut planter (moi je croyais que l’informatique c’était un truc binaire, du genre : ça marche ou ça marche pas. Mais en fait, non. Bref, imaginons que dans un monde idéal vous ayez réussi à partitionner votre disque. Vous suivez le manuel pas à pas et vous installez votre Red Hat. Quelques questions de base plus loin, l’aide à l’installation vous annonce que cela va prendre une trentaine de minutes. Un café et quelques gâteaux plus tard - si vous êtes un hacker, vous dites un coca et quelques pizzas plus tard, vous revenez devant votre écran. Et là, miracle, vous avez un bon gros écran noir avec ces quelques lignes :
Red Hat Linux release 7.0 (Guiness)
Kernel 2.2.16-22 on a i686
Localhost login :
Vous pouvez désormais entrer votre nom d’utilisateur et votre login pour commencer à découvrir le vrai monde de l’informatique. Il ne se passe rien ? L’écran est toujours noir ? C’est normal, vous êtes en mode console, un peu comme DOS sous Windows. Lancez X, l’interface graphique de Linux avec la commande magique startx (logique, hein ?) et vous allez retrouver un bureau qui ressemble un peu à celui de Windows. À ce propos, un grand merci aux développeurs de Gnome ou Kde parce qu’il y a trois ans, ce n’était pas très agréable l’interface graphique de Linux.
Mieux vaut que ça ne plante pas
Man !
je suis ton sauveur. Enfin presque...
Linux est puissant. Même pour l’aide. Tout est documenté.
La moindre petite chose que vous voulez faire sur votre ordinateur est décrite,
expliquée sur des pages et des pages. Ce sont les "manuels"
ou "Man". Quelque chose qui vous échappe, comme la manière
dont fonctionne X ? Tapez "man X" pour avoir toute la doc’
sur ce sujet. Il est probable que vous ayez une réponse en anglais,
même si les versions françaises existent. Seul bémol
à cet outil merveilleux : les "mans" sont écrits
par des informaticiens. Ce n’est donc pas toujours accessible au béotien.
|
Pourquoi, me direz-vous, ai-je décidé - vraiment - d’installer Linux ? Parce que sous Linux, je vais pouvoir faire des trucs qui ne sont pas simples sous Windows. Comme lancer des petits programmes qui ne tournent que sous Linux ou des scripts perl amusants. Sauf que comme je débarque dans un nouveau système d’exploitation et que je n’ai pas connu la belle époque de DOS sous Windows, je suis un peu perdu. Il me faut donc très vite plonger dans la littérature.
Linux pour les nuls,
Linux in a nutshel, le manuel d’installation de Red Hat. Tout y passe. Je retombe même sur un vieux bouquin que j’avais acheté il y a trois ans lors de ma première tentative d’installation. Oui. J’essaye à peu près tous les ans de mettre Linux sur mon ordinateur. Avant, ça n’avait jamais marché. Problème de compatibilité de modem, carte graphique ou autre. Mais même en lisant, mieux vaut avoir quelques copains (à propos, merci les gars !) qui connaissent bien. Ne serait-ce que pour configurer la connectivité au réseau de l’entreprise, pour sortir de l’impasse lorsque X plante... Ça paraît bête, mais il arrive (j’ai testé pour vous) que X ne veuille pas repartir après un plantage. Dans ce cas, vous tournez en rond dans un mode console légèrement austère. Et là, seule la hotline des copains qui maîtrisent le sujet peut vous sauver (vite)...
Bilan des courses
Linux, c’est top ! Sans mentir. Et je ne dis même pas ça pour sauver ma e-peau. Non, Linux, c’est bien. Les logiciels sont gratuits, on peut faire des choses impossibles sous Windows et beaucoup plus amusantes. Toutefois, je ne suis pas certain que l’on puisse démarrer sous Linux en quelques jours et abandonner l’univers Windows définitivement. Des heures de lecture et de tests seront nécessaires. De même qu’une cohabitation des deux systèmes d’exploitation pendant un temps indéterminé, qui est fonction de la maîtrise générale de l’outil informatique par l’utilisateur.
Conclusion : si vous êtes curieux et pas bêtement passif face à l’ordinateur, lancez-vous ! Un autre monde va s’ouvrir à vous. Mais n’oubliez pas le budget bouquins, la note de téléphone pour la hotline des copains et n’écrivez pas un papier comme celui-ci qui vous vaudra les foudres des linuxiens, liant à jamais votre nom au mot clown.