Après avoir développé un moteur de recherche, qui deviendra Voila, Christophe Dupont a créé le site communautaire Respublica.
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Quand et comment avez-vous découvert Internet ?
J’ai découvert Internet dans le cadre de mes études. L’...cole que j’avais intégrée était équipée de stations de travail Unix « connectées au Net ». C’était, à l’époque (1992), un écran en mode texte tout gris. Puis vinrent des « Window managers » conviviaux, les premiers navigateurs Gopher, Mosaïc, enfin Netscape et c’était parti.
Pourquoi vous êtes vous impliqué dans Internet ? Quel a été le déclic ?
Par hasard ? Travaillant sur une thèse de physique, j’ai eu envie de m’aérer l’esprit. Internet représentait avant tout un moyen de communication. J’ai développé un moteur de recherche « histoire de voir et de me faire les dents ». Comme j’étais plutôt content de ces performances, j’ai décidé de créer une société pour l’exploiter en 96. Pour simplifier, cela a abouti à Voila.fr.
Quand avez-vous compris que cela allait vraiment décoller en France ?
Le moteur de recherche, echo.fr à l’époque, a été mis en ligne en novembre 96, dès février 97 les premiers grands groupes, dont France Télécom, m’ont approché. Ils s’intéressaient à la technologie développée. C’était déjà un premier signe fort.
Comment avez-vous vécu la période automne 1999-printemps 2000 ? Que faisiez-vous ?
À cette époque, nous (Respublica) venions de nous associer à Libertysurf. Nous étions concentrés sur le développement de notre société. Je ne me suis pas vraiment intéressé aux marchés à cette époque.
Comment analysez-vous aujourd’hui cette frénésie de huit mois ?
Avec du recul, il me semble qu’il s’agit d’un phénomène de bulle spéculative « classique », comme il en a existé dans d’autres secteurs, dans l’immobilier, par exemple, au début des années 90 et comme il continuera à en exister ailleurs.
Quel a été, selon vous, le signal de la chute des dotcoms ?
Il serait facile, a posteriori, de dire que c’était prévisible, mais la valorisation des sociétés, début 2000, était telle qu’une baisse était probable. Par ailleurs, l’alerte rouge a été donnée par la fermeture médiatisée de BooDotCom. Depuis, la faillite d’une dotcom de plus passe assez inaperçue.
Que faites-vous aujourd’hui ?
Je réfléchis à ce que je pourrais bien refaire, sous le soleil de la Côte d’Azur :).
Croyez-vous toujours autant à Internet ?
Il faut distinguer l’intérêt du médium Internet et la santé de son économie. La mauvaise santé des marchés financiers ne vient pas d’un mirage technologique ou d’une désaffection du public. Le nombre d’utilisateurs progresse constamment et les applications à disposition sont de plus en plus nombreuses. Par contre, compte tenu des marchés, je ne suis pas sûr que ce soit le meilleur secteur pour s’enrichir aujourd’hui. La réserve que j’émettrais concerne aujourd’hui la « mondialisation » du Réseau. On a l’habitude de dire que « la liberté s’arrête là où commence celle des autres », j’ai l’impression que certains lobbies aimeraient qu’elle s’arrête bien en amont.
Croyez-vous au commerce en ligne ? Croyez-vous à l’avenir du Web non marchand ?
J’estime peu probable qu’Amazon et Yahoo ! déposent leur bilan. Pour les autres ?
Comment voyez-vous les années à venir ?
À l’instar des radios libres, les acteurs issus des grands groupes de communication et quelques « pure players » vont se partager le marché. L’économie va s’assainir, mais je ne vois pas dans cette perspective poindre la créativité et l’enthousiasme des débuts.
Croyez-vous toujours dans ce qu’on a appelé la « netéconomie » ?
Je ne crois pas dans l’image qu’en a véhiculée les médias avant et après la crise.
Quelles vont être, selon vous, les futures grandes échéances et que vont-elles apporter ?
À court terme, on attend la musique « payante » en téléchargement. Je suis impatient de découvrir la solution mise en place par les majors pour vendre et gérer leurs droits efficacement. Bonne chance... Ensuite, la téléphonie numérique mobile pourrait en être une, mais j’aimerais bien tester le produit. Après cinq minutes avec un Wap dans la main, il ne fallait pas être un grand analyste pour prédire que ce produit n’allait pas séduire.