Les internautes se sont jetés sur les sites web américains et européens pour suivre les événements tragiques qui se déroulaient aux ...tats-Unis. Avant de revenir à la télé, ce bon vieux medium.
La presse en ligne a tenté de se faire l’écho des événements dramatiques aux ...tats-Unis. De manière plus ou moins efficace. Mais, à défaut de faire aussi bien - en termes purement journalistiques - que la télévision, le Net remplissait son rôle : il faisait parler, et permettait la communication planétaire au moment où les lignes téléphoniques américaines étaient le plus souvent inopérantes. L’e-mail a fonctionné à plein. La parano aussi. Tout comme la rumeur. Les commentaires d’internautes parfois peu avisés s’échangeaient dans les mailing-lists...
Du côté de la presse française en ligne, vers 19 heures, lefigaro.fr émet un communiqué de presse vantant "son dispositif rédactionnel pour le suivi des attentats" : 16 journalistes assurent un suivi toutes les dix minutes et le studio intégré à l’équipe réalise en 45 minutes seulement un diaporama en Flash montrant l’effondrement des deux tours. Résultat : "Un pic historique de connections. Nous avons d’habitude 300 000 pages vues par jour. Aujourd’hui, on a multiplié ça par six.", assure Patrick de Baecque, la tête éditoriale du figaro.fr depuis fin 1999. L’hebdo le Nouvel Observateur décide de consacrer l’ensemble de son site en édition quotidienne aux attentats américains, M. de Baecque croit, lui, avoir mis sur pied en quatre heures le meilleur dossier multimédia des sites médias français : "Nous jouons à fond la complémentarité avec le papier. Nous ne sommes plus un site de presse, mais un site d’infos." Et si en plus les stats ont augmenté...
Le New York Times joue la rapidité
Aux ...tats-Unis, Wired titre "Apocalypse in New York City". Cet article de témoignage mis en ligne trois heures après les faits est écrit par une correspondante sur place. Suit un dossier de cinq articles réalisé avec l’aide des agences de presse. La plupart des sites connaîtront de forts ralentissements comme celui de la BBC qui explique à la une de son serveur : "Services to News may be slow due to the weight of traffic. Please bear with us".
Le New York Times joue la vitesse. À 8 h 50 (heure locale) puis 9 h 04, le quotidien annonce les deux crashs sur sa version en ligne. À 10 h 18, il relaie l’écroulement de la première tour. Dans un autre flash, il annonce qu’il "pourrait s’agir " d’une attaque terroriste. Pertinent.
Indymedia reste, pour sa part, posé. "Les sources de médias de masse prennent pour l’instant pour boucs émissaires différents groupes arabes", indique l’agence de presse alternative. Avant de souligner : "S’il vous plaît, gardez à l’esprit que le Pentagone a un passé de désinformation et que l’information selon laquelle un 737 au départ de Boston aurait été détourné plus tôt ce matin pourrait ne pas être exacte." Il semble pourtant que ce soit bien lui qui ait fini dans le World Trade Center.
Le Nasdaq pense, le Nasdaq prie
Tandis que la presse se déchaîne pour relayer l’information, les responsables des marchés financiers se distinguent. On apprend ainsi l’heureux événement par l’AFP : "l’euro bondit après l’incendie du World Trade Center ". Mais la palme revient sans doute au Nasdaq. Dans un fax, le marché américain des valeurs technologiques explique que " les pensées et les prières du Nasdaq vont aux victimes de ce tragique désastre et à leurs familles (...) L’intégrité du Nasdaq Stock Market ne sera en rien affectée et l’ensemble des transactions effectuées hier demeure enregistré dans les systèmes du Nasdaq." Deux informations donc. 1- Le Nasdaq pense, le Nasdaq prie. 2- Tout est sous contrôle, dormez tranquilles... Reste que tous les marchés sont partis à la baisse. La Tribune.fr parle de krach. Dans la salle des marchés de BNP-Paribas, à Paris, on suit toute la catastrophe en direct sur CNN. Un informaticien résume l’ambiance : "Les mecs couraient partout en gueulant au téléphone. C’était hallucinant de voir la ligne de partage entre ceux qui continuaient à traiter les ordres pour engranger et ceux qui avaient plutôt envie de vomir en apprenant que la bourse de Paris avait finalement décidé de ne pas fermer." Business as usual.
Denis Kessler, president de la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA) et vice-président délégué du MEDEF, reste collé à la réalité économique. Il avance le chiffre de plusieurs milliards de dollars de dégâts, "mais la quote-part des assureurs mondiaux est impossible pour l’instant a mesurer ". Le suspens plane...
Sites figés
Sur certains sites, c’est le désert. Ainsi, sur The palestinian information center, pas un mot. On est loin de la pseudo revendication triomphante du FDLP (Front démocratique de libération de la Palestine) évoquée par une chaîne de télévision arabe, mais immédiatement démentie par le porte-parole du groupe.
D’autres ne perdent pas pied. Sur la home page de worldtradecenter.com, on peut rapidement lire : "Nom de domaine disponible pour mémorial ou tout autre utilisation appropriée. Email : hostmaster@earthplaza.com ". Dans la soirée, le message devient : "Nom de domaine à donner comme mémorial ou tout autre utilisation appropriée".
Sur le site mariotthotels, on peut lire : "Le Marriott du World Trade Center a été évacué. Marriott International travaille en étroite collaboration avec les autorités. Marriott continuera à rester vigilant et à fournir des bulletins d’information. Nous sommes en train de mettre en place un numéro de téléphone spécial pour les renseignements et nous préviendrons aussi vite que possible de son ouverture".
Quant à la une de DefenseLink.mil, l’agence de presse de l’armée américaine, elle reste figée sur une déclaration de Donald H. Rumsfeld, secrétaire d’...tat à la défense américain, fustigeant l’inertie institutionnelle du Pentagone, qu’il comparait, dans un discours, daté du 10 septembre, à la bureaucratie du "système soviétique" ().
Des mails dans tous les sens
Mais finalement, les événements dramatiques du jour ont surtout déclenché des mails dans tous les sens sur le réseau. Entre ceux qui cherchent à avoir des nouvelles de proches coupés du monde à New York (plus de téléphone filaire ou sans fil) et ceux qui ont un commentaire à faire, les mailers ont chauffé... Ainsi, dans une mailing list, un membre s’interroge en début d’après midi : "la revendication du FDLP est éminemment suspecte, non ?? On voudrait leur faire porter le chapeau que ce ne serait pas étonnant...". Ce à quoi un autre internaute répond : "Il me semble qu’ils ont déjà nié. N’empêche que c’est tout de même chaud !!! Va forcément y avoir une réponse... Certainement dans le courant de la semaine. Pas tout de suite...... faut le temps d’y voir un peu plus clair......". Et de craindre une réaction _ non mesurée _ du président américain. Dans une autre liste, ce sont les rumeurs qui fusent à la vitesse de la lumière : "On parle d’autres avions détournés. Vous avez des infos complémentaires ?" Facile. Et hop : "Deux autres avions d’American Airlines viennent d’être abattus par la défense américaine, ils se dirigeaient vers Washington... Mon Dieu... :-(( ". Un peu plus tard, surenchère : "Trois autres avions ont été abattus, et 4 avions ont disparu des radars de la défense américaine...".
Le mot de la fin revient sans doute à un internaute qui dans un mail fustige : "Kesstufou à envoyer des mails ?? Regarde ta tél et observe... Moi ce qui m’inquiéte, c’est la réaction dudit Bush...". Effectivement, la télévision a été plus rapide et plus complète que le Web.