Fabrice Sergent est directeur général de Lagardère Active Broadband. En 1995, à 25 ans, il a créé Club Internet, devenu l’un des principaux fournisseurs d’accès grand public en France.
Quand et comment avez-vous découvert Internet ?
C’était il y a presque dix ans déjà ! Aux ...tats-Unis en 1992, pendant mes études à la Michigan State University...
Pourquoi vous êtes vous impliqué dans Internet ? Quel a été le déclic ?
Après un bref passage au sein de l’activité Minitel d’Arthur Andersen, j’ai rejoint Arnaud Lagardère, en 1993, pour créer ce qui s’appelait à l’époque Matra Hachette Multimédia et dont l’objet était le développement de CD-ROMs. J’ai naturellement proposé d’y ajouter l’Internet.
Quand avez-vous compris que cela allait vraiment décoller en France ?
En 1998. Club Internet, qui fut le 1er fournisseur d’accès grand public à se lancer en France dès 1995, a vu le rythme de ses abonnements décoller franchement à partir de cette année-là. C’est à ce moment que nous avons commencé à communiquer dans les médias grand public.
Comment avez-vous vécu la période automne 1999-printemps 2000 ? Que faisiez-vous ?
Cette période n’aura été, finalement, qu’une des périodes parmi d’autres de la vie de Club Internet, même si elle fut intense. À cette époque, les fournisseurs d’accès gratuits sont apparus, et Club Internet a dû immédiatement réagir, tout en préservant son modèle économique. Nous avons riposté avec succès en lançant les premiers forfaits tout compris internet et télécommunications, qui ont largement fait école depuis que le modèle du gratuit a progressivement été abandonné par la concurrence, faute de rentabilité. Et puis, nous avons vendu Club Internet au printemps 2000 à Deutsche Telekom/T-Online.
Comment analysez-vous aujourd’hui cette frénésie de huit mois ?
Elle n’a été qu’un épiphénomène dans la vie générale de l’Internet dont nous sommes heureusement aujourd’hui sortis. Pour autant, en tant qu’investisseurs, nous avons su profiter de cette période et créer de la valeur.
Quel a été, selon vous, le signal de la chute des dotcoms ?
Les marchés financiers ont commencé à douter de la réalité des valeurs dotcoms au printemps 2000. Il était de toute façon inéluctable que les sociétés sans modèle économique disparaîtraient ou se consolideraient au profit d’acteurs pérennes. Aujourd’hui, je suis certain que de nombreuses dotcoms ne disparaîtront pas, les fournisseurs d’accès notamment.
Que faites-vous aujourd’hui ?
Je continue de contribuer au développement de la société que j’ai créée tant au sein de Lagardère qu’auprès de T-Online (NDLR : Fabrice Sergent est directeur général de Lagardère Active Broadband et président directeur général de T-Online France).
Croyez-vous toujours autant à Internet ?
Bien évidemment. L’Internet continuera son développement sur les écrans PC, mais aussi, de plus en plus, sur les écrans mobiles et de télévision. L’Internet reste à mes yeux une véritable révolution industrielle, qui ne cesse de se renforcer.
Croyez-vous au commerce en ligne ? Croyez-vous à l’avenir du Web non marchand ?
Le Web servira toujours d’outil de transaction à distance dans des proportions importantes. Je pense notamment que les portails des fournisseurs d’accès continueront de se développer, et bénéficieront fortement de revenus publicitaires et transactionnels.
Comment voyez-vous les années à venir ?
Interactives ! Probablement encore plus porteuses que les cinq dernières années, car on va évoluer d’une situation de jeunesse pour le marché à une situation de maturité, avec la concrétisation d’un vrai marché dont le nombre d’utilisateurs assurera le succès des nouveaux services.
Croyez-vous toujours dans ce qu’on a appelé la "netéconomie" ?
L’Internet a démarré bien avant l’apparition de la "netéconomie" et se développera bien au-delà. L’Internet n’est pas une mode, mais une lame de fond qui traverse l’ensemble de notre société.
Quelles vont être, selon vous, les futures grandes échéances et que vont-elles apporter ?
Sans aucun doute, le développement du nombre d’accédants via le téléphone mobile et la télévision, ce qui devrait permettre la création de nouveaux services, payants pour la plupart – et donc rentables – que nous sommes déjà en train d’imaginer.