Qui a dit que Milia était ennuyeux. Le salon de l’interactivité a ses stars, ses excentriques, et ses commérages. Petit tour de scène.
Encore
un chauve... Ronaldo gravit les marches du palais
des festivals, étourdi par le vacarme des percussionnistes
et tamponné d’un baiser rouge sur la joue.
La star du foot émerge entre deux paires de
fesses, les danseuses brésiliennes ayant fini
par se replier à quelque distance du dieu vivant.
Elles ont été copieusement huées
par les cameramen et les photographes. "Les
plumes, les plumes !", vociféraient
ces derniers, furieux de voir leur point de vue gâché
par une coiffe multicolore ou des hanches nues. Personne
n’a demandé, en revanche, que l’autre chauve
s’écarte : Bruno Bonnell. Le patron d’Infogrames
est décidément le seigneur de cette
édition du Milia, et multiplie les apparitions
médiatiques. En tant que producteur du nouveau
jeu vidéo Virtual Ronaldo, il n’a pas eu à
laisser ses empreintes dans la glaise pour l’éternité,
contrairement au footballeur. Mais on n’en est pas
loin
Grimaçant,
souriant, furieux ou étonné
: exemple d’un cyber-
acteur inventé par des développeurs.
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Cybergies ou cyborgie
C’était la séquence glamour de ce mercredi
au Milia. Dans hall d’exposition, l’ambiance est plutôt
business. Un babil subtil, mélange d’anglais
et de français, constitue le fond sonore du
vaste parc à stands. Quelques tirs explosent
non loin, à intervalles réguliers :
ils signalent que nous sommes ici au paradis des gamers.
Si
vous voulez être bien vu au Milia, ne dîtes
pas "joueurs", mais gamers. Parlez
"weblish", n’hésitez pas à
innover. Ne recherchez plus les synergies, mais les
"cybergies", et tentez de ne pas
tomber dans le travers de la "cyborgie"
à la AOL Time Warner. Parole de consultant
anonyme et Milien.
Un
dromadaire, des poupées géantes
Des
anonymes bizarres, il y en a quelques uns. Un dromadaire.
Des poupées géantes. Une échassière.
Quatre Japonais debout en grand conciliabule, comme
parés pour un quadrille, et prompts à
la courbette. Mais pas beaucoup d’extra-terrestres
ni d’intelligences artificielles. Au moins peut-on,
au Milia, discuter en live avec un cyberacteur : un
personnage virtuel inventé par des développeurs.
Pour ce qui est du physique, le petit personnage évoluant
sur écran tient du bout de bois peint en jaune.
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©
S. Godeluck / Transfert
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Pourtant,
la seule expression de son visage suffit à
évoquer le faciès humain, tour à
tour grimaçant, souriant, furieux ou étonné.
Sachez qu’il y a tout de même un véritable
acteur aux manettes derrière l’écran,
et qu’il surveille vos réactions avec sa webcam.
Des PC à 2,5 roubles ?
Mais causons sérieux. Les Miliens sont là
pour bosser, pour créer des cybergies, quoi.
À moins qu’il ne s’agisse de recruter des développeurs.
Si l’aventure vous tente, sachez que l’Est est un
marché à prendre, et que le leader russe
du logiciel, Buka, recherche des informaticiens. Elle
est l’unique société représentant,
au Milia, ce pays soi-disant infesté de pirates
et de dealers de software. Pour se défendre
contre la contrefaçon des jeux vidéo,
habituellement vendus 40 dollars en magasin et deux
dollars sous le manteau (dans toutes les stations
de métro), Buka a décidé de baisser
ses prix à 2,5 dollars. Objectif : conquérir
la Sibérie, qui compte autant d’habitants que
Moscou, et qui manque de distractions l’hiver. Le
problème, c’est que les Russes n’ont pas les
moyens de s’acheter un ordinateur, et qu’il n’existe
ni Game Boy ni consoles dédiées au-delà
de l’Oural. Pour commencer à jouer, il ne reste
plus qu’à inventer le fabricant de PC à
2,5 roubles... Cherchez bien, il est sûrement
au Milia.