Bruno Bonnell, PDG d’Infogrames, a annoncé mardi 15 février, au Milia, qu’il voulait toucher le grand public et lutter contre le piratage. Pour atteindre ces objectifs, il compte lancer des jeux à bas prix.
Bruno
Bonnell, PDG d’Infogrames,
ne croit plus aux jeux à trois cents francs.
Même lorsquils sont très créatifs
et techniques. Constatant que l’addition devenait
de plus en plus salée pour le joueur de base,
le grand chauve (au Milia, calvitie réelle
et tonsure globale ont la cote, à en juger
par la quantité d’orateurs ayant la boule à
zéro) s’est montré déterminé
: "Les éditeurs désirent un
retour sur investissement, je le comprends. Mais la
tendance va s’inverser. Soyons prudents. Nous devrions
peut-être changer de modèle économique."
Vendre en ligne, développer la distribution
grand public, décliner les produits avec des
versions "premium" (édition de luxe
dun jeu récent, souvent plus chère)
et des versions grand public : ces stratégies
permettraient de faire baisser le prix du jeu vidéo,
afin de capter une clientèle plus vaste.
Bruno Bonnell cite l’exemple de Deer Hunter, un succès
américain d’Infogrames. Il s’en est vendu trois
millions d’unités, pour 19 dollars pièce.
"Notre concurrence directe, que je ne mentionnerai
pas, a lancé un produit similaire avec sans
doute une meilleure technologie. Mais le prix était
de 39 dollars. Ils n’ont réalisé que
le dixième de nos ventes. Il y a une flexibilité
des prix, et nous, les professionnels, nous devons
en être conscients."
Des jeux pour le prix dun CD audio
Rien de tel qu’une baisse des prix, d’ailleurs, pour
lutter contre le piratage des logiciels de jeu, a-t-il
affirmé. Le PDG, un tantinet provoc’, a souligné
que les trafics de cour de récré étaient
aussi la conséquence des prix exorbitants :
"En magasin, le prix dun jeu premium
est compris entre 39 et 49 dollars. À l’école,
vous pouvez avoir la version pirate pour deux dollars.
Nous devons nous en préoccuper. On peut combattre
ce phénomène avec des procès,
mais le meilleur moyen est de baisser les prix. Nous
devons parier sur le futur de ce marché, qui
va être énorme." À condition,
certes, d’être un acteur mondial, et de toucher
le grand public. Certaines firmes sont, pour cela,
mieux placées que d’autres.
Les prix dInfogrames ? Bruno Bonnell promet
que ses jeux coûteront bientôt le prix
d’un CD audio : entre 120 et 140 francs. Pas seulement
aux ...tats-Unis, où la taille du marché
facilite le retour sur investissement, mais aussi
en France. Voilà qui devrait réjouir
les gamers que le jeu à trois cents balles
énerve. D’autant que les joueurs ont souvent
du mal à rentabiliser leur investissement.
D’après Infogrames, 70 % dentre eux ne
finissent pas la partie qu’ils ont commencée.
Mais la baisse du prix ne profiterait pas seulement
aux consommateurs. "Quand le prix chute de
25 %, les ventes doublent", affirme Bruno
Bonnell.
Le jeu sur cellulaire na pas davenir
Mais tout cela tient à un pari : il faut que
le marché du jeu vidéo devienne effectivement
incontournable, grand public, et qu’il soit "le
futur du haut débit". Le prix est
une condition, le design original et convivial en
est une autre. Les jeux du futur devront être
nettement plus "immersifs" (sic)
qu’aujourd’hui, a également assuré Bonnel.
En fait, Bruno Bonnell a avoué qu’il se sentait
comme un contemporain des années 20 parlant
des effets spéciaux de Spielberg : nous n’avons
encore rien vu de ce qui était possible en
matière de jeux. Infogrames oriente ses développements
futurs dans le sens de la reconnaissance vocale, et
de l’immersion à l’aveugle, à travers
le son. Pour le reste, le dirigeant s’est montré
assez secret sur ses intentions.
Au passage, il a égratigné quelques
idées à la mode sur l’avenir du jeu.
Un, la distribution en ligne ne va pas être
un raz-de-marée. "Il reste un sérieux
marché off line, un marché pour les
consoles. La distribution on line est une illusion
technologique. Elle représentera, au maximum,
20 % des ventes dans les trois prochaines années.
C’est mécanique : en Europe, 40 % des foyers
seulement sont équipés, et cela peut
monter à 60 %. Il en restera 40 %
De
plus, il y a des habitudes de consommation particulières
: si l’Allemagne et les ...tats-Unis sont acquis
à la VPC, la France ne l’est pas, et l’Italie
et l’Espagne encore moins." Deux, on ne jouera
pas sur son téléphone portable : "Le
cellulaire pour tout faire, c’est un joli rêve,
expose le PDG. Mais tout cela risque d’augmenter
le prix du téléphone, que vous n’obtiendrez
plus gratuitement. Moi je pense qu’il n’y aura pas
de jeux sur portable, tout simplement parce que les
nouveaux appareils à communiquer n’auront plus
d’écran. Il y aura d’autres appareils pour
jouer
" Voilà qui devrait faire
plaisir à Ubisoft qui vient de lancer Ludiwap,
une filiale exclusivement dédiée au
jeu sur cellulaire !