Au mois de mai dernier, un adolescent découvre dans sa boîte mail au lycée, des photos clairement pédophiles. Le coupable arrêté, les gendarmes veulent aujourd’hui savoir s’il s’agit d’un réseau organisé. Ils souhaitent aussi de nouveaux moyens d’investigation.
Les messages étaient envoyés sous pseudo dans la boîte aux lettres d’un lycéen de 17 ans, sur un ordinateur d’un établissement des Vosges. "Plusieurs photos "musclées", transmises à l’occasion de différents envois, montrant des actes sexuels", explique le chef d’escadron Bruno Caysac, commandant de la brigade de recherche de la gendarmerie de Nancy. Sans équivoque. Cette affaire, comme tant d’autres, aurait dû suivre son cours, tranquille et secret.
Dès le début de l’enquête, au mois de mai dernier, les gendarmes saisissent l’ordinateur, découvrent l’origine du message envoyé sous pseudo - l’université de Liège en Belgique -, identifient, en France, le fournisseur d’accès. Reste à trouver l’identité de l’envoyeur. Aidés par leurs collègues belges, ils finissent par le débusquer, en la personne d’un Belge de 32 ans, affecté à un service scientifique de la faculté. Il n’enverra plus de messages.
Réseau organisé ?
Mais était-il le seul à les diffuser ? C’est ce que se demandent aujourd’hui les enquêteurs. Et c’est la raison pour laquelle ils se montrent peu avares d’informations publiques. "Dire qu’il s’agit d’un réseau organisé est, pour l’instant, faux puisque nous n’en savons rien, dit le commandant de gendarmerie. Ce que nous cherchons à savoir, c’est si les envois étaient adressés "à la volée" ou s’ils étaient, au contraire, postés vers des boîtes déterminées, si leur diffusion a été large ou pas..." En clair, les gendarmes français demandent aux établissements scolaires et au public s’ils ont connaissance d’envois similaires.
Monter des provocations
Cet appel public n’est pas une première. Mais le contexte dans lequel il intervient n’est pas anodin. Depuis peu, une commission pilotée par le ministère de la Justice réfléchit aux aménagements légaux susceptibles de faciliter la tâche des magistrats et des enquêteurs de la police et de la gendarmerie en matière de délinquance sur Internet. Les gendarmes ne sont pas les derniers à demander qu’on leur facilite la tâche. Comment ? "Les douaniers ont obtenu le droit de monter des provocations pour piéger des pourvoyeurs de drogue : nous voudrions être autorisés à utiliser ces méthodes pour faciliter nos recherches sur Internet", expose, simplement, un officier du service de communication de la Gendarmie nationale. CQFD.