Le secrétaire du syndicat CGT réagit au plan social et aux départs volontaires massifs de salariés
Hewlett-Packard France a confirmé mardi 15 avril le départ volontaire de 1204 salariés dans le cadre d’un plan social, annoncé à l’automne dernier et qui prévoyait la suppression de 1206 emplois en France. Lors de la fusion entre Hewlett-Packard et Compaq au printemps 2002, 15 000 postes avaient déjà été supprimés dans le monde, dont 5900 en Europe. Hewlett-Packard employait, avant cette nouvelle réduction d’effectifs, 6000 personnes en France. Les salariés d’HP France semblent avoir été très sensibles aux primes de départ volontaire proposées par la direction, à l’occasion de ce plan social. Le montant de celles-ci variait de 25 000 ? à... 250 000 ? ! Retour sur une hémorragie sociale avec Michel Rognin, secrétaire du syndicat CGT de l’entreprise.
Avez-vous le sentiment qu’avec ces primes au départ la direction d’HP a "acheté" la paix sociale ?
C’est un peu plus compliqué que cela. Il est certain que ces primes de départ, qui sont quatre fois supérieures à celles prévues par la convention collective de la métallurgie, ont eu un effet. Mais le stress et le ras-le-bol des salariés vis-à-vis de l’entreprise ont aussi beaucoup joué. Tous les prétextes étaient bons pour quitter l’entreprise. On a même vu des salariés avancer des gardes d’enfant ou des formations de fleuriste comme projet personnel dans le cadre du plan social. Tout ceci pose des problèmes car les demandes de départ volontaire ne correspondaient pas aux postes à supprimer. Dans le secteur de la force de vente, l’entreprise va même être obligée de réembaucher près de 150 personnes. Pour combler les manques, la direction dit aussi vouloir engager un plan de reconversion des salariés restants. Sur Grenoble, 400 personnes vont ainsi changer de métier. Mais je n’y crois qu’à moitié.
Etes-vous satisfait des conditions de ce plan social ?
En tant que syndicaliste, je constate que les gens sont soulagés. Mais en termes économiques, ce plan social n’a pas beaucoup de sens. La direction a annoncé qu’il fallait supprimer 1200 emplois alors qu’elle n’a identifié que 200 à 300 postes en doublons. La CGT a toujours dit que cette décision de supprimer des emplois venait directement des États-Unis. Elle ne correspond ni à la réalité économique française, ni à la situation de l’entreprise en France.
Comment voyez-vous l’avenir de Hewlett-Packard en France ?
D’abord, la direction a profité de l’occasion pour créer deux sociétés distinctes : il y a désormais Hewlett-Packard France et Hewlett-Packard Centre de compétences France, qui s’occupe en gros de la partie industrielle et des e-services. Des activités continuent de partir à Barcelone ou en Angleterre. La dernière unité de production de l’Isle d’Abeau (Isère) a été vendue au printemps 2002 à Sanmina SCI. Résultat, plus personne ne sait quels sont nos métiers. Comme toutes les multinationales, HP poursuit toujours le fantasme d’une entreprise zéro employé en misant sur une sous-traitance forcenée. Sur les 2300 personnes travaillant sur le site de Grenoble, un millier était employé par des sous-traitants, notamment des SSII chargés du développement des logiciels. Même le courrier est sous-traité...
Le site de Hewlett-Packard France:
http://www.hp.com/country/fr/fre/we...
Le site de la fédération CGT de la métallurgie:
http://www.ftm-cgt.fr/index.phtml