Depuis le 4 décembre, un délégué Force ouvrière de Club-Internet a entrepris une grève de la faim. Seule solution, selon lui, pour obtenir les augmentations de salaires réclamées depuis septembre. La direction s’avoue décontenancée.
Depuis le lundi 4 décembre, Bruno Lebeau a pris une décision grave : il a entamé une grève de la faim. "Elle ira en s’amplifiant jusqu’à une cessation totale d’alimentation", précise l’intéressé. Employé au service commercial de Club-Internet depuis un an et demi, ce délégué FO a pris cette décision après la suspension de négociations salariales. Objet principal du désaccord entre le syndicat et la direction : les revalorisations des rémunérations. Lors d’une réunion avec les dirigeants de la société, jeudi 30 novembre, Bruno Lebeau a demandé une suspension de séance. D’après lui, la direction n’aurait accepté, de toutes façons, aucune augmentation de salaires.
Médiatiser l’affaire
Le week-end passe et lundi matin, tous les salariés reçoivent dans leur boîte, un mail annoncant la grève de la faim de Bruno Lebeau. Explication du délégué FO : "Depuis septembre, nous demandons l’intégration de la prime de 1 200 francs à notre salaire fixe. Rien à faire. La direction est particulièrement dure et nous n’aboutissons à rien", explique ce jeune homme de trente ans. Il vit sa première expérience en start-up, veut médiatiser l’affaire et même enclencher un mouvement général. Optimiste, idéaliste même. D’après lui, une grève classique ne mènerait à rien : "Ils peuvent très bien se passer de nous, et nous, nous ne pouvons pas nous passer de notre salaire longtemps."
Direction décontenancée
Le geste a surpris la direction qui s’avoue décontenancée. Un peu perdue même. Au service de communication, François Rossignol avance les défenses classiques ("Nous ne sommes pas une entreprise tortionnaire") et aligne les avancées sociales : "Nous sommes passés aux 35 heures sans réduction de salaire, nous avons embauché plus de 155 personnes et, depuis mars, un système de prime a été mis en place." Pour justifier la situation qui a quand même poussé un des salariés à la grève de la faim, Chantal Dutoya, directrice des ressources humaines ramène la question à une situation personnelle, "une démarche strictement individuelle". Puis ajoute : "Seuls 8 à 10% du service le suivent dans cette action." Le jeune gréviste, lui, affirme que tout le service commercial est derrière lui. En tout cas, l’inspection du travail est déjà sur les rangs. Elle confirme qu’il y a des irrégularités dans la gestion du personnel chez Club-Internet sans donner davantage des précisions. À la DRH de la société, on explique qu’il s’agirait de contrats à durée déterminée (CDD) un peu trop nombreux. Une question qu’elle estime en voie de règlement. Pas de quoi justifier le geste de Bruno Lebeau. Le délégué syndical, lui, s’affirme déterminé à aller jusqu’au bout.